Prizren, c’est le seul décor de carte postale que vous verrez dans les rares guides touristiques consacrés au Kosovo. Il est vrai que les voyageurs ont tendance à fuir la capitale Pristina pour mettre le cap sur la poétique, la paisible, la chaleureuse Prizren, considérée comme la plus belle ville du Kosovo. Cette réputation est-elle méritée ? Visiter Prizren vaut-il vraiment le détour lors d’un voyage dans les pays Balkans ? Pour moi, la réponse est : mille fois oui.
Quittons Pristina, et allons vers la frontière albanaise !
Au Kosovo, petit état qui ne fait qu’à peine 200 km dans sa plus grande diagonale, tout est à proximité directe d’un autre pays, qu’il s’agisse de l’Albanie, le Monténégro, la Serbie ou la Macédoine du Nord. Située à seulement 30 min de la frontière avec l’Albanie, Prizren est donc bien souvent l’étape immanquable quand on fait un road trip dans les pays Balkans.
La deuxième plus grande ville du Kosovo — mais qui ne compte que 175 000 habitants — a aussi la particularité d’être au pied du Parc National des Monts Šar, ce qui en fait un pied à terre idéal pour explorer les beautés des montagnes environnantes (avec des sommets pouvant dépasser les 2 500 m), dont je vous parlerai très bientôt.
C’est donc aussi bien pour son attrait que pour sa position géographique que j’ai choisi de poser mes bagages à Prizren pour continuer mon voyage d’une semaine au Kosovo, après avoir découvert l’étrange Pristina et son architecture unique. Après avoir récupéré la voiture de location à l’aéroport de Pristina, mon amoureux et moi avons pris les petites routes en passant par Suva Reka pour explorer tranquillement la campagne kosovare, découvrant par la même occasion l’existence d’une « route des vins » made in Kosovo.
Quelques endroits incontournables à voir dans Prizren
Quand vous faites des recherches sur le Kosovo, il y a deux photos en particulier qui ressortent. L’une d’elles est la bibliothèque de Pristina. L’autre est le célèbre pont de pierre ottoman de Prizren avec la mosquée de Sinan Pacha en arrière-plan. Romantique et emblématique de Prizren, il constitue l’endroit le plus photographié de la ville (voire même du Kosovo tout entier). Et comme nous avions posé nos valises dans l’excellent Hôtel Tiffany non loin, nous l’avons emprunté tous les jours.
La vieille ville est un très beau témoin des influences balkaniques et turques. Les monuments historiques sont nombreux. On retrouve aussi bien des mosquées (35 rien qu’à Prizren) que des églises orthodoxes et catholiques (plus rares et surveillées par la police). Le hammam de Gazi Mehmed Pacha et ses multiples dômes intriguent, et depuis la forteresse de Prizren (après une bonne grimpette dans les ruelles qui longent la colline) on a une vue superbe sur toute la ville, et même bien au-delà quand le smog est absent.
Au-delà du pont en pierre se dévoile la mignonne placette Shatërvan animée par la musique du café Gatsby. En remontant ensuite la rue pavée vers le sud, on trouve la plupart des boutiques un peu touristiques et de nombreux autres cafés.
Concernant les édifices religieux, ce n’est pas trop ma came de rentrer dedans, mais j’ai pu visiter l’Emin Pasha Mosque, un peu plus planquée que la grande mosquée de Sinan Pacha. Je faisais des photos de son architecture extérieure et j’ai été invitée par l’imam à entrer pour assister à la prière (malgré mon sexe et mes cheveux détachés 👍). L’intérieur était absolument magnifique !
Dans la vieille ville, débusquez les petits détails poétiques
Plus globalement, visiter la vieille ville de Prizren est très plaisant. On se plaît à arpenter ses ruelles pavées et ses quais le long de la rivière, et on ne croise (malheureusement) pas des horreurs architecturales hypnotisantes tous les 10 mètres comme c’est le cas à Pristina. Il y a une foule de détails poétiques à découvrir, à commencer par les arbres dont les troncs ont été décorés par endroit avec des pièces en crochet. Ou encore le cinéma et son enseigne vintage en vieilles ampoules.
En longeant la rivière Bistrica vers l’Est côté montagne, on découvre des cafés et restaurants qui ont presque les pieds dans l’eau, l’un d’eux a même une mini-douve autour de son enceinte et une petite roue de moulin ! Il y a également un superbe platane d’Orient Marash classé monument naturel et un parc paisible un peu plus loin, face à une aire de jeux qui semble abandonnée. Partout, vous trouverez des petits détails adorables ou empreints de poésie. À vous d’ouvrir l’œil !
Comment j’ai choppé une indigestion une heure seulement après être arrivée à Prizren
Vous serez prévenus : il est difficile de rester raisonnable face à la qualité irrésistible de la gastronomie kosovare, et j’en ai fait les frais. Quand nous sommes arrivés à l’Hôtel Tiffany, nous avons été accueillis par le gérant Fati dans la partie restaurant. Pandémie et saison creuse obligent, nous étions les seuls clients de l’hôtel. Fati nous a proposé de nous servir à manger avant de partir visiter la ville (il était 15h), et nous avons naïvement accepté.
Après avoir dégusté une grosse salade composée que nous pensions être « le repas », Fati nous a apporté non pas un, ni deux, mais TROIS AUTRES PLATS ! Parmi lesquels le traditionnel Elbasan tava (agneau rôti au yaourt) et le Sarma (feuille de chou farci à la viande et au riz). J’avais l’impression d’être dans les 12 travaux d’Astérix quand Mannekenpix apporte les plats à Obélix…
Mon petit estomac a mal supporté l’épreuve et j’ai passé la soirée avec une indigestion carabinée. Elle sera soignée le lendemain grâce à l’eau-de-vie qu’un prêtre orthodoxe m’a offerte alors que je visitais son église (il n’a jamais su qu’il avait, ce jour-là, réalisé un véritable miracle 😂).
Immersion dans une foule en liesse : soir d’élections municipales !
Rien à voir avec le tourisme à Prizren, mais ça reste un souvenir marquant de mon passage là-bas. Je suis arrivée en même temps que le second tour des élections municipales et j’ai assisté aux célébrations lorsque Prizren a basculé du parti Autodétermination (gauche) vers le parti démocrate du Kosovo (centre droit).
On savait qu’il fallait éviter les rassemblements car il y a encore des tensions politiques au Kosovo, mais bon, on a suivi le mouvement par curiosité et rien ne s’est passé. D’ailleurs, il n’y avait quasiment pas de flics, les gens se sont autogérés tout seuls et ont surtout dansé en fait.
L’hospitalité des Kosovars : un petit goût de reviens-y
Je n’ai jamais eu un aussi bon contact avec des locaux que lors de ce séjour à Prizren. Il y a eu bien évidemment le très chaleureux gérant de notre hôtel Fati, qui nous a même emmené dans un autre restaurant Tiffany en haut des monts Šar côté serbe pour rencontrer le grand patron de la « chaîne » et manger avec lui. Nous avons été accueillis à bras ouverts, et ils ont même mis du Édith Piaf dans la sono pour faire un clin d’oeil à notre pays.
Le dernier jour, on m’a proposé de passer en cuisine pour essayer de fabriquer le pain pita du matin selon la méthode kosovare, sous le regard amusé des serveurs et du cuisinier. C’est une attention que j’ai trouvée touchante, alors que j’avais juste demandé la recette à la base.
Nous avons aussi beaucoup discuté avec l’épicier du quartier qui nous a raconté énormément de choses sur le Kosovo, leur manière de vivre, leur rapport à ce nouveau pays qu’ils ont vu naître, etc. Nous avons ainsi appris que l’important, ce n’était pas tant la religion que la nationalité d’origine (albanaise, serbe, turque, etc.).
Le Kosovo, c’est également le seul pays où les commerçants ont voulu m’offrir des trucs en plus de ce que j’achetais. On a eu par exemple :
- la vendeuse de la boutique de souvenirs qui nous a offert un magnet ;
- le fabricant de Qebapa (voir rubrique « Où manger à Prizren ? ») qui nous a offert un café qu’il est allé chercher lui-même au resto d’en face ;
- les prêtres orthodoxes qui nous ont invités à partager leur petit-déjeuner et leur schnaps ;
- le patron de la chaîne Tiffany qui nous a offert un énorme bocal de ajvar et un sachet de sel épicé fait maison ;
Peut-être que les gens étaient juste contents de voir de nouvelles têtes en pleine pandémie et en plein mois de novembre, je ne sais pas. En tout cas, j’ai jamais été accueillie avec une telle générosité ni une telle curiosité ailleurs. Bon après j’ai pas fait le tour du monde non plus, mais quand même ! En tout cas, ça a grandement contribué à mon ressenti positif de Prizren et du Kosovo de manière générale.
Quelques impressions en vrac sur mon voyage à Prizren
Personnellement, j’ai trouvé cette ville très chaleureuse et paisible. J’ai apprécié de me perdre dans le labyrinthe de ses jolies ruelles, la présence de verdure, ses architectures, ses habitants. J’ai aimé son trafic routier où les gens laissent spontanément les piétons traverser, où personne ne klaxonne, où les conducteurs sont très relax.
J’ai beaucoup aimé aussi son ambiance un peu fantasmagorique quand le brouillard envahit tout et que seuls les dômes des mosquées et minarets se découpent dans le ciel. D’ailleurs, ce n’est que le dernier jour, lorsque le brouillard s’est finalement levé, que je me suis rendue compte que Prizren est en fait cernée par les montagnes !
Visiter Prizren est une expérience totalement différente de Pristina, bien plus proche du véritable quotidien relax des Kosovars. C’est comme si on comparait Paris avec n’importe quelle ville moyenne française, en fait.
Mes infos pratiques pour visiter Prizren
🛏️ Où dormir à Prizren ?
J’ai été logée à l‘Hôtel Tiffany, idéalement situé dans la vieille ville et qui bénéficie d’un restaurant ultra-bon et propose des petits déjeuners incroyables. C’est un petit établissement de 5 chambres. J’ai déboursé environ 60 € la nuit pour la plus belle chambre qui a des allures de suite. Fati le gérant et toute son équipe sont absolument adorables et vous donneront sans problème des conseils pour savoir quoi visiter !
🍴 Où manger à Prizren ?
Très honnêtement, le restaurant de l’Hôtel Tiffany était tellement savoureux que nous n’avons même pas testé un autre resto durant les 5 jours passés sur place. J’en ai néanmoins repéré plusieurs qui semblaient super, il suffit de longer la rivière Bistrica pour les trouver.
Pour un encas, vous ne pouvez pas passer à côté des incroyables Qebapa vendus dans une petite échoppe de la rue Farkëtarët. C’est une sorte de kébab local servi avec un yaourt à boire pour apaiser le côté un peu épicé. C’est absolument divin, ça coûte trois fois rien, et le gérant est d’une gentillesse rare. C’est d’ailleurs lui qui fournit la viande du restaurant du Tiffany !
🧭 Comment se déplacer dans Prizren ?
C’est une petite ville donc tout peut se faire à pied. Les endroits à voir ne sont pas vraiment éclatés partout dans la ville donc on peut se passer des transports en commun si on est en bonne condition pour marcher, sinon il y a un réseau de bus urbain (et national) qui fonctionne bien.
🏺 Que visiter à Prizren ?
La visite la plus évidente à faire à Prizren est celle de la forteresse qui surplombe la ville et offre un incroyable panorama. Il y a également de très belles mosquées, une vieille ville charmante avec ses troquets qui s’animent le week-end, le fameux pont de pierre, les anciens bains turcs… Globalement la ville se visite rapidement, mais elle invite à la déambulation sans but afin d’y découvrir des recoins étonnants et poétiques.
🦸♀️ Est-ce que la sécurité est bonne à Prizren ?
Je n’ai rien de plus à dire que ce que j’ai déjà dis dans mon article sur Pristina. C’est pépère, les gens ne sont pas prise de tête, je n’ai pas ressenti d’insécurité même quand on se promenait tard le soir dans des coins un peu paumés. Il y a quelques chiens errants, mais moins qu’à Pristina.
🛍️ Où faire du shopping à Prizren ?
Pour les souvenirs, il y a seulement deux ou trois boutiques dans la vieille ville. J’ai galéré pour trouver des cartes postales, et encore elles semblent dater des années 60 (boutique Pandora, rue Farkëtarët). Les gens qui les ont reçues ont eu une drôle de surprise 🤣 Il y a également un grand centre commercial très moderne avec toutes les marques habituelles un peu à l’écart du centre-ville (Galeria Shopping).
Visiter Prizren a été une très bonne expérience pour approfondir mon voyage au Kosovo, si bien que j’y ai prolongé mon séjour au lieu de partir pour Peć, l’autre ville « touristique » du pays. Je suis donc restée 5 nuits au total dans cette ville, en vagabondant au-dehors tous les jours. Je vous parle bientôt de ce que vous pouvez trouver dans les environs !
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