Mon voyage solo à Åland, c’est une semaine à vadrouiller en vélo, cheveux dans les embruns, parcourant les côtes sauvages d’un petit archipel finlandais sur le papier, suédois dans l’âme, et russe dans son plan d’urbanisme. Entre culture et nature, curiosités gastronomiques et architecturales, j’ai sillonné ses pistes cyclables verdoyantes en quête de dépaysement, dans un petit coin oublié du monde. Embarquez avec moi pour une véritable aventure insulaire !

C’était pas simple pour moi de partir seule. Pourtant, j’avais l’habitude ! Mais ça, c’était avant un événement traumatique suivi d’une pandémie. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée paralysée par l’anxiété, à compter les minutes qui me séparaient de l’hôpital le plus proche lors du moindre déplacement, et à flipper d’être coincée dans un avion.

En 2022, plus solide, j’ai décidé qu’il était grand temps de quitter mon petit vélo dans la tête pour en enfourcher un dans la vraie vie, et parcourir Åland et ses 6 500 îles autrement que sur Google Maps. Pour moi, ce voyage à vélo, c’était celui où j’allais réclamer ma liberté de mouvement en me lançant un défi audacieux et motivant : fêter Midsummer avec les Ålandais. Et prendre mon pied en photo, pardi !

Portrait de voyage
Voici votre dévouée blogueuse devant la boutique de location de vélos d’Åland 😁

TL;DR : Le plus important à savoir pour découvrir Åland en vélo

Les pistes cyclables sont nombreuses, bien balisées et pittoresques, longeant plages rocailleuses, forêts verdoyantes, champs aux moulins en bois et villages côtiers. Elles sont très souvent séparées de la chaussée et de très bonne facture. L’office de tourisme a fait un colossal effort dans la conception d’itinéraires de randonnée, que l’on peut retrouver ici pour la rando à pied et ici pour les itinéraires à vélo

Les distances sont courtes et depuis Mariehamn on peut déjà voir énormément de choses, Fasta Åland ne mesurant que 50 km de large. Si vous cherchez où partir en vacances pour faire du vélo en famille sans trimballer vos affaires, c’est vraiment un bon choix. Et en plein été, les spots de baignade naturelle sont tellement nombreux qu’on peut se rafraîchir très facilement (bon la Baltique c’est froid par contre 😬)

Si vous aimez plutôt les grandes randonnées à vélo sur plusieurs jours, il y a le Åland Archipelago Trail qui a l’air super. Il permet de visiter les îles majeures de l’archipel et d’enchaîner avec le Archipelago Trail en Finlande jusqu’à Turku. Les possibilités de camping sont nombreuses, même si vous n’avez pas réservé au préalable.

De nombreux hébergements (hôtels, AirBNB ou Bed & Breakfast) proposent des vélos en location ou gratuitement, et Mariehamn dispose de plusieurs loueurs comme City Sport & Cykel (qui propose des vélos électriques) et Ro-No Rent.

L’Office de tourisme met en avant le vélo comme moyen de déplacement principal car c’est vraiment le plus adapté et les infrastructures sont conçues pour. Je n’avais jamais fait de cyclotourisme à l’étranger auparavant, mais j’ai la sensation que l’archipel d’Åland se classe en haut du panier concernant les plus beaux voyages à faire en vélo hors des sentiers battus !

[Dimanche] De Stockholm à Mariehamn : cap sur Åland !

Le 19 juin, j’affrontais le premier boss de mes aventures nordiques : l’avion. Je n’ai jamais aimé ça, et combiné à un sursaut d’anxiété carabiné, l’exercice était devenu plus que compliqué. Heureusement, armée de mes exercices de cohérence cardiaque (l’app RespiRelax+ est nickel pour ça), j’ai pu atterrir à Stockholm tremblotante, mais victorieuse.

Stockholm, c’est le premier endroit où j’ai voyagé seule à l’étranger, 10 ans auparavant. C’est donc tout naturellement que j’ai commencé cette reconquête de moi-même en revenant « à la source », et je fus accueillie par l’odeur caractéristique d’un stand de kanelbullar (brioches suédoises à la cannelle) dans la gare de Stockholm. Cette odeur que j’avais oubliée a ravivé en une seconde mes émotions de l’époque : le goût de l’aventure, la joie d’être livrée à moi-même, l’insatiable curiosité de découvrir un autre pays !

Gare de Stockholm
La gare centrale de Stockholm et ses effluves de cannelle marquent le début de l’aventure

Depuis Stockholm, il faut ensuite prendre un ferry direction Mariehamn, la capitale d’Åland. En ce qui me concerne, les horaires de Viking Line au départ de Stockholm m’arrangeaient moyennement, j’ai donc trouvé une option alternative qui m’a permis d’arriver le soir même (et d’économiser 3h de bateau) : 

  • Prendre le bus depuis la gare routière de Stockholm jusqu’au port de Kapellskär, à 1h30 de route
  • Puis prendre le ferry jusqu’à Mariehamn, bus et ferry étant opérés par Viking Line qui propose un ticket combiné.

Le mood hyper relax du ferry et le soleil ont réussi à faire passer mes inquiétudes et à m’installer en mode « vacances insulaires ». J’ai passé le temps à photographier les minuscules îles rocailleuses qui se dessinaient à l’horizon au fur et à mesure que j’approchais de l’archipel. Sur certaines se tiennent des petites maisons en bois rouge typiquement suédoises. Ça met dans l’ambiance, jusqu’à ce que l’on passe à proximité d’une étrange pyramide en bois doublée d’une maison à l’architecture vraiment étrange, posées sur un minuscule bout de terre : la station-musée Kobba Klintar.

Station musée Kobba Klintar
Quelle étrange construction qui surgit au milieu de nulle part !

Quand Mariehamn (11 700 habitants) apparaît, on a du mal à croire qu’il s’agit d’une capitale tellement c’est petit (et végétalisé). Après avoir débarqué, j’ai avisé un panneau de bienvenue annonçant que je me trouvais sur une zone autonome démilitarisée. J’étais épuisée et je mourrais de faim malgré un sandwich acheté sur le ferry, alors je me suis dépêchée d’arriver à l’hôtel Cikada non sans constater la beauté des rues et maisons. Je me suis ensuite échouée à la terrasse du resto-bar metal Dino’s Bar & Grill et j’ai mangé le meilleur burger végétarien de ma vie. En prime, avec de la bonne musique qui chatouille les oreilles (si vous aussi, vous aimez le metal, rendez-vous sur ma tentative de chronique de 5 groupes metal exotiques), entourée de portraits d’artistes métalleux et de mouettes très intéressées par mon assiette.

À mon retour, j’ai demandé des informations au réceptionniste sur les lieux et horaires pour assister aux festivités de Midsommar. Il m’a donné les grandes lignes, et m’a conseillé d’utiliser le site de l’Institut Météorologique Finlandais Ilmatieteen laitos pour mieux prévoir la météo très changeante de l’archipel. Puis il s’est occupé en anglais d’un Finnois du continent en visite sur Åland, ce que j’ai trouvé très cocasse. Je me souviens pas de grand-chose d’autre si ce n’est qu’il faisait encore jour à 23h30 et que je me suis réveillée à 3h du matin, malgré les rideaux occultants, en croyant que c’était l’heure du petit-déjeuner.

Tilleul de Mariehamn
Un tilleul décoré en soutien à l’Ukraine

[Lundi] Laborieuse traversée à vélo de Lemland et Lumparland 

Avant de découvrir Mariehamn, je voulais prendre la température de l’archipel dans un coin un peu plus reculé. J’avais donc décidé de commencer mon voyage finno-suédois à vélo dans la municipalité de Lemland, où m’attendait le très mignon Bed & Breakfast Amalia, extension de la petite usine familiale de limonade de l’archipel. Quand j’ai quitté l’hôtel Cikada, la réceptionniste de jour m’a tendu 3 pages imprimées sur les festivités de Midsummer à Åland. Son collègue avait passé une partie de la nuit à faire des recherches pour moi et à les traduire 🤯 vous pouvez retrouver ces pages dans ce scan pdf, ça peut vous donner des idées d’endroits où aller pour fêter le solstice d’été.

J’ai pris le bus non loin de l’office du tourisme (qui dispose d’une quantité incroyable de fiches d’itinéraires de randonnée vélo ou pédestre) en m’aidant du site Resa.ax pour m’aider à trouver le bon arrêt. Arrivée sur place, j’ai déposé mes affaires et dit bonjour aux vaches du pré voisin, le temps qu’un des vélos du gîte soit disponible. J’en ai profité pour prendre LA RACE de photos parce que cet endroit est comme issu d’une carte postale scandinave, jusqu’au choix de la tapisserie dans les chambres. Je pourrais écrire un article entier juste sur le design à Åland tellement je l’ai trouvé chouette !

Après avoir joué l’instagrammeuse de service, en selle ! J’avoue, ce jour-là je n’ai pas brillé par ma condition sportive, surtout que je me suis retrouvée avec un vélo doté d’un siège bébé très lourd qu’on n’arrivait pas à enlever. Je suis partie en direction de Lumparland, la municipalité d’à côté, avec aucun autre objectif précis en tête que celui d’atteindre l’extrémité Est de Fasta Åland (la plus grande île de l’archipel, que je n’ai pas quittée).

J’ai eu la bonne surprise de constater la présence de pistes cyclables, parfois tracées sur la route, parfois séparées de la chaussée, et d’être doublée par des voitures qui s’écartaient le plus possible de moi. J’ai ainsi pu aller de village en village, jusqu’à Norrboda et l’embarcadère qui permet d’aller sur l’île d’Ängö. Globalement, c’était pas un trajet incroyable car j’ai eu du faux plat et j’ai trop forcé physiquement (mauvaise anticipation des distances et vélo inadapté). Sur le retour, j’ai mangé mon encas au bord d’un bras de mer derrière l’église de Lumparland et j’ai observé un papa qui jouait dans l’eau froide avec ses deux petites filles. Elles se sont baignées pendant une bonne heure dans l’eau glaciale, et j’en ai ressenti un certain respect 😂

Norrboda
Les lupins devant Norrboda

Quand je suis revenue à mon Bed & Breakfast, j’étais fracassée (j’avais pédalé 30 km avec un vélo bof et quasi aucune préparation physique), du coup je m’en suis voulu parce que je sentais que ça allait mal passer le lendemain. Malgré un gros coup de pompe, j’ai quand même trouvé le moyen de sortir à pied à 22h et assister à la plus longue golden hour de ma vie, soit 2h30. De fil en aiguille, en me baladant dans la forêt, dans la lumière rougeoyante du soleil-couchant-mais-qui-se-couche-pas-vraiment, j’ai trouvé le moyen de me rajouter au moins 5 km au compteur.

Ainsi s’acheva ma première journée de cyclotourisme sur Fasta Åland : dans la douleur musculaire et l’émerveillement face aux lupins, au soleil de minuit, et aux moulins à vent en bois rouge.

[Mardi] Une pause s’impose : découverte pédestre de Mariehamn

Comme je le pressentais, le réveil a été difficile. J’avais mal PARTOUT et j’étais déjà à plat, au second jour de mes vacances en vélo sur Åland. J’ai donc adapté un chouia mon programme : je devais revenir à Mariehamn en fin d’après-midi, où j’avais réservé une chambre d’hôtel au nord de la ville afin d’en sortir plus rapidement. J’ai finalement zappé la partie balade à vélo forestière que je voulais faire le matin à Lemland et ai pris le bus avant midi.

Je me suis échouée dans un restaurant, puis suis allée directement à l’hôtel Strandnäs — que j’ai trouvé excellent, aussi bien pour le couchage que le petit-déj — pour m’allonger un peu. Mon plan consistait ensuite à louer un des vélos de l’hôtel pour vadrouiller, mais j’ai finalement préféré découvrir Mariehamn à pied. Je ne m’attendais pas à ce que l’hôtel soit aussi « loin » du centre (30 min peut-être ?), du coup j’ai rajouté des courbatures sur les courbatures !

Mariehamn en été
Mariehamn se prépare pour Midsummer

Histoire de ne pas me pourrir le reste du voyage, j’ai décidé de traiter le problème à la source avec un plan en deux phases : 

  • M’offrir un massage et m’acheter une crème au magnésium au spa de la piscine publique de Mariehamn (j’y rencontrais une masseuse réfugiée ukrainienne, ce qui m’a rappelé que la Russie n’était qu’à une frontière de distance)
  • Chercher une location de vélo électrique dans Mariehamn, que j’ai finalement trouvée chez City Sport & Cykel pour 30 € par jour avec de l’excellent matos. 

J’avais de quoi aborder de manière un peu plus sereine les prochains jours, et ça se ressentait sur mon moral. J’étais d’attaque pour explorer les moindres recoins de Mariehamn, son musée maritime Sjökvarteret et son énorme espace vert Lilla Holmen, ce que je relate plus en détail dans un article dédié à l’une des plus petites « capitales » du monde !

[Mercredi] Vers Nåtö et Järsö : itinéraire à vélo orienté nature  

J’ai commencé ma journée en me levant à 3h30 😂 Ceci m’a permis d’entamer le mercredi avec un très beau moment photographique dans le petit port de Nabbens Våtmark, où s’alignent les cabanons en bois rouge typique de l’île.

Port de Nabben à Mariehamn
L’enfilade de garages à bateaux est particulièrement belle

Cette deuxième journée de tourisme à vélo était bien plus intéressante. L’un des itinéraires les plus recommandés à faire au départ de Mariehamn, c’est de mettre le cap vers le sud et de se laisser guider par les routes spectaculaires qui relient les îles entre elles. Effectivement, on en prend plein les yeux et la nature est magnifique ! Grâce au vélo électrique et à mon repos stratégique de la veille, j’ai englouti les 30 km aller-retour de l’itinéraire sans les sentir passer, et j’ai admiré TOUT le trajet. Vraiment, y’a rien à jeter.

Ne sachant pas trop combien de temps je mettrais pour arriver au bout, j’ai décidé d’aller tout de suite jusqu’à l’île la plus éloignée, Järsö, mon petit plan de l’office de tourisme dans le sac à dos. Là se trouve le sentier pédestre Järsö naturstig, où l’on peut découvrir la magnifique nature sauvage d’Åland et observer des oiseaux. On se balade sur des pontons en bois qui traversent la forêt, puis on longe la mer sur un sol rocailleux en essayant de suivre les panneaux en forme de croix sans se perdre. À un croisement, j’ai découvert un trajet alternatif annoncé par un crâne d’animal posé sur une croix et une barrière en bois à ouvrir. J’y ai trouvé quelques sculptures en bois dissimulées çà et là qui ont ajouté une touche d’enchantement à la balade, qui soit dit en passant se suffit déjà à elle-même. Le vélo est resté bien sagement à l’entrée du sentier, sans être attaché.

Je suis ensuite remontée en selle pour repartir en sens inverse sur l’île de Natö, où se trouve également une réserve naturelle dont j’avais aussi récupéré le plan du sentier. Je n’ai vu que le début du parcours car il commençait à se faire tard et j’avais les crocs, j’ai donc pris la décision de remonter sur Mariehamn pour retourner au Dino’s Bar & Grill dont le burger végétarien m’avait bluffée. 

Une fois attablée, horreur ! je découvre que le burger a disparu de la carte 😱 ! Le serveur m’explique qu’ils viennent tout juste de changer la carte pour la saison estivale. Je commande donc autre chose et j’ai la surprise de voir arriver quelques minutes plus tard le fameux burger végé sur ma table. Le serveur a demandé au cuistot d’utiliser les ingrédients qui lui restaient pour cuisiner un burger sur mesure, j’étais scotchée par cette attention.

La soirée s’est terminée avec le coucher de soleil sur le musée maritime à ciel ouvert de Mariehamn, où j’ai observé des oies sauvages faire leur vie d’oie sauvage.

Bon à savoir pour photographier Åland au solstice d’été

Je pensais que ce serait le rêve en tant que photographe d’avoir autant de golden hour dans la journée. Sauf qu’avec un soleil qui se couche à minuit passé pour revenir à 4h du matin, il faut choisir entre assister au coucher ou au lever de soleil, et composer avec une lumière finalement trop présente en journée (mon style photographique étant plutôt orienté basses lumières). 

J’ai donc pris le parti de couper ma nuit en deux en allant me promener à 4h du matin, et en retournant me coucher à 6h pour finir ma nuit. Pour connaître les horaires des golden/blue hours et levers/couchers de soleil, j’utilise l’application payante PhotoPills qui mérite largement ses 10 € vu la trouzaine de services qu’elle rend. Cependant, toute cette lumière et les couleurs très riches des maisons en bois permettent de créer des photos vibrantes, et je crois bien ne jamais avoir fait de photos aussi colorées de ma vie… alors que j’habite en Alsace !

Le dernier paramètre à prendre en compte et non des moindres, c’est qu’à cette époque et à cette latitude, le soleil ne se lève pas à l’Est, mais au Nord-Est, et ne se couche pas à l’Ouest, mais au Nord-Ouest. Du coup, comme Mariehamn est au Sud de l’archipel, il est en fait extrêmement difficile de photographier le lever ou le coucher de soleil sur la mer 😂

[Jeudi] Vers Jomala et Kastelholm : itinéraire à vélo orienté culture 

J’avais visité la ville et la nature, il me fallait maintenant une bonne dose de culture. C’est pourquoi j’ai mis le cap vers un des endroits les plus célèbres de l’archipel : le château Kastelholm et le musée à ciel ouvert Jan Karlsgården, pour visiter une vingtaine de bâtiments d’époque retranscrivant la vie à la ferme. C’est vraiment LE sanctuaire des traditions ålandaises ! 

Si vous ouvrez Google Maps, vous verrez que ce n’est pas la porte d’à côté pour s’y rendre depuis Mariehamn, mais je vous rassure, il y a des bus. Pour celleux qui disposent d’un vélo électrique (ou de sacrés mollets), je vous conseille de vous prendre la journée car on traverse une bonne partie de Fasta Åland pour cette chouette balade à vélo de 50 km aller-retour. Mon conseil : bifurquez à Ingby vers Jomalby et Björsby pour éviter la route principale et profitez d’une traversée bucolique de la campagne en toute quiétude. 

Eglise de Jomala
Devant l’église de Jomala, j’ai trouvé une place handicapée vraiment large, ça fait plaisir (vélo for scale)

Avant de prendre la clé des champs, je suis passée par l’église de Jomala, la plus ancienne église chrétienne de Finlande. C’est une magnifique construction en pierre et il y a un bateau suspendu dans la nef devant l’autel, rendant hommage à l’histoire maritime de l’archipel Åland. Le trajet fait ensuite passer par Godby (à ne pas confondre avec Gölby sur le même chemin ou Gottby à, l’ouest de Mariehamn, ni Gottverdammi qui est un juron alsacien), où l’on peut se ravitailler dans des supermarchés. Mon dernier arrêt était le café Uffe på berget à côté duquel se trouve le sentier Godby Arboretum et une haute tour en bois où l’on peut grimper pour une vue imprenable sur Åland. Mais j’ai pas réussi à monter jusqu’en haut à cause du vertige et du vent qui faisait bouger la construction… *poule mouillée*

Une fois arrivé à Kastelholm, quand on est habitué aux châteaux forts style fantasy comme ceux que j’ai chez moi en Alsace, on peut être un peu surpris par le look cubique de cette bâtisse qui s’élève au milieu du lac. C’est la seule fortification médiévale sur l’archipel et sa visite permet de mieux comprendre à quel point Åland a passé son temps à faire du ping-pong entre la Suède, la Finlande et la Russie. En tant qu’Alsacienne, ça me parle 😂

Après ma visite, je me suis attablée au Smakbyn restaurang & bränneri pour manger un morceau. L’intérieur du bâtiment ressemble vraiment à une pub Ikea, mais sans l’aspect impersonnel. C’est là que j’ai testé une des spécialités culinaires emblématiques de l’archipel : le Ålandspannkaka, une sorte de pancake à la semoule et à la cardamome, recouvert de confiture de prune. C’est super bon et très facile à cuisiner soi-même !  

J’ai ensuite démarré ma visite du musée Jan Karlsgården, où je rencontrais dans une des maisons Uwe, un sympathique guide passionné par l’histoire locale. Il m’apprit par exemple que les anciennes maisons ålandaises avaient une chambre prévue exprès pour héberger les gens de passage et les couples qui venaient de se marier. Offrir le gîte aux personnes dans le besoin était à ce moment-là une coutume très suivie. De fil en aiguille, j’en ai profité pour lui poser des questions sur les festivités de Midsummer qui avaient lieu le lendemain. Uwe m’a confirmé que c’était au musée que l’on pouvait assister à la plus traditionnelle des manifestations, le fameux mât fleuri était d’ailleurs déjà en cours de préparation dans le jardin.

Maison traditionnelle d'Åland
On peut visiter l’intérieur de maisons traditionnelles authentiques

Malheureusement, j’étais confrontée à un petit problème logistique : 

  • Je devais rendre le vélo le lendemain avant midi car le shop fermait pour le week-end, Midsummer étant férié (à prendre en compte pour vos déplacements et sorties !).
  • Il n’y avait plus de bus après 17h pour rentrer à Mariehamn.
  • Je devais prendre le ferry dès le samedi matin pour retourner à Stockholm.

Je n’avais donc pas de possibilité de revenir au musée, sauf si… je trouvais un chauffeur. Et voilà qu’Uwe, qui travaillait au musée le lendemain, me propose avec le plus grand naturel de me ramener à Mariehamn ! Alors, j’ose ou j’ose pas ?

J’ai décidé de repousser la décision au lendemain. Après plus de 50 km parcourus dans la journée, de retour à Mariehamn, je me suis attablée à l’excellent Boquerian. Puis, touchée par la grâce d’un dieu scandinave probablement assez sportif, je me suis lancée dans le Mariehamn Runt en vélo, poussant jusqu’à l’aéroport et me perdant dans un coin paumé. À la fin de la journée, j’en étais à plus de 80 km, ce qui est vraiment beaucoup pour moi.

[Vendredi] Les festivités de Midsummer sont lancées !

En Finlande, Midsummer correspond aux feux de la Saint-Jean (que l’on célèbre aussi dans certains endroits en France avec des feux de joie). En Suède — et donc sur Åland — on fête le solstice d’été en érigeant des mâts décorés de fleurs autour desquels les villageois dansent en cercle. Les jeunes femmes portent souvent des robes fleuries et une couronne de fleurs sur la tête. Ensuite, on mange des pommes de terre, des fraises et du hareng et on boit comme des trous à l’occasion d’un bon pique-nique dans la nature. Certains veillent toute la nuit pour assister au lever de soleil.

Portrait Alexandra Koeniguer
J’ai tenu à me fondre dans le décor avec une robe et une couronne de fleurs. J’ai été félicitée pour mes efforts 🤣 (et merci Vinted)

Je ne savais pas grand-chose d’autre de cette fête et je m’étais volontairement tenue éloignée du film d’horreur Midsommar pour préserver au maximum la magie de cette fête folklorique ! J’ai donc pris mes renseignements sur place pour me créer mon petit circuit sur mesure. Je vais juste vous parler de mon itinéraire et non pas des festivités en elles-mêmes, car j’ai écrit un article complet sur la tradition de Midsummer.

J’ai commencé à 13h au parc Engelska, juste à côté du bateau-musée Pommern. Cette célébration était plutôt destinée aux touristes car proche du centre-ville et de l’embarcadère, et on pouvait entendre les commentaires d’un présentateur sur ce qui était en train de se passer. Le mât érigé était un sacré morceau et le public pouvait participer pour le lever dans les airs, puis les danses ont pris le relai. Et il y avait des robes et des couronnes de fleurs, comme je l’imaginais.

Arbre de Mai à Mariehamn
Les festivités au parc Engelska

J’ai ensuite marché 30 bonnes minutes pour assister à la fête plutôt familiale de Notudden, qui se déroulait à 15h. Introuvable sur Google Maps, il faut chercher la plage « Notgrundet » à l’ouest de l’hôpital de Mariehamn. C’était plus confidentiel et le mât était plus petit. Par contre, j’ai pu m’approcher davantage pour bien voir ce qui était en train de se passer. Je n’ai pas assisté à celle de 14h dans le parc de Lilla Holmen faute de temps.

Arbre de Mai de Notudden
Même un petit Arbre de Mai n’est pas une mince affaire à dresser

Après quoi, il a fallu trancher sur la proposition d’Uwe. Est-ce que j’allais décider de faire confiance en allant à Jan Karlsgården sans avoir de certitude de pouvoir revenir à mon hôtel ? Quid du fait d’être en voiture avec un inconnu ? Et si je devais marcher 5h pour rentrer, est-ce que j’en étais capable physiquement alors que j’étais déjà sur les rotules vu mes exploits de la veille ?

Je finis par affronter le deuxième boss de mes aventures nordiques : me mettre délibérément dans une situation problématique en comptant sur la confiance d’un inconnu. Lors du trajet en bus jusqu’à Kastelholm, je dois dire que je n’en menais pas large. Mais j’ai trouvé Uwe et ai assisté à la plus belle célébration de Midsummer, avec en prime un guide personnel qui m’expliquait plein de choses sur l’histoire d’Åland (malheureusement j’en ai oublié une bonne partie) et sur la vie nordique. Il m’a ensuite présentée à un ami à lui qui avait visité Strasbourg et la discussion a dérivé sur l’inévitable mais toujours enrichissant « comparons nos pays ». J’en retiens entre autres que même un simple job alimentaire suffit sur Åland pour s’assurer de quoi vivre décemment.

Maypole traditionnel d'Åland
Beaucoup de curieux sont venus encourager les valeureux « souleveurs » (ça se dit ?)

[Samedi] Clap de fin de mon voyage à vélo sur Åland

Après un nouveau réveil à 3h30, me voilà repartie à l’assaut de Mariehamn, et plus particulièrement de ses plages. Comme c’était ma dernière matinée, je voulais en profiter un maximum pour faire le plein de nature, qui heureusement n’est jamais bien loin de la capitale (voire même directement dedans).

Solstice d'été à Aland
Deux femmes enveloppées dans des couettes guettent le lever du soleil pour Midsummer

En passant dans le joli parc côtier Lilla Holmen, j’ai vu le mât érigé la veille et constaté qu’effectivement, il n’y a pas deux mâts de Midsummer identiques à Åland. J’ai continué ma route pour me délecter, encore une fois, de l’architecture absolument charmante des maisons anciennes de Mariehamn. Le temps de savourer mon dernier petit-déjeuner à l’hôtel Strandnäs et de plier bagage, il était déjà temps de me rendre à l’embarcadère pour prendre le ferry pour Stockholm.

Le soleil étant toujours en rendez-vous, je me suis installée sur le pont et j’ai profité d’un duo de musiciens tout en regardant les mouettes se chamailler au-dessus des vagues. Je ne vais pas vous mentir, après toutes ces balades à vélo et à pied, j’avais les jambes sciées et hâte de me reposer chez moi, mais l’ambiance tellement reposante et douce d’Åland continuait de me bercer. Elle fera effet pendant tellement longtemps que j’ai refusé d’écrire ces articles pendant de longs mois, afin de garder encore un peu pour moi ce précieux trésor. 

D’ailleurs, j’ai bien noté la campagne de séduction de l’archipel pour attirer de nouveaux habitants sur Åland, et l’office de tourisme m’a déjà garanti que je pourrais trouver du travail et une maison facilement. Ils proposent même de générer une check-list personnalisée pour ne rien oublier lors d’un déménagement sur Åland 😂 À bon entendeur…

Portrait à Mariehamn
Je vous laisse avec cet auto-portrait nocturne à Nabben pris lors de ma dernière nuit…

Ce récit de mon voyage à vélo sur Åland s’achève ici. J’espère qu’il vous aura donné envie de prendre le large à votre tour pour découvrir cette destination préservée de la Baltique et encore peu connue des francophones. Si vous cherchez où partir en vacances en Europe pour faire du vélo, je vous recommande très, très chaudement de vous pencher sur ce petit archipel !

Pour aller plus loin

Visit Åland : l’Office de tourisme local (EN)
Visit Finland : l’Office de tourisme de Finlande (EN)
Resa : le site de référence pour prévoir des déplacements sur Åland (EN) 
Ilmatieteen laitos : le site de l’Institut Météorologique Finlandais pour la météo (EN)
Diplomatie.gouv : la page du gouvernement sur la situation en Finlande (FR)

Likez, partagez, commentez, bref : si vous avez aimé cette découverte, faites-le savoir !


© Tous droits réservés