Et si la Roumanie était le nouvel eldorado des routards ? Injustement victime de préjugés, la Roumanie reste un des (rares) pays européens encore préservés du tourisme de masse et accessibles aux bourses les plus modestes. Il n’en fallait pas moins pour me décider à m’y approcher de plus près avec pour mission de sillonner la Transylvanie, cette région dotée d’une forte identité.
Je suis partie vagabonder par monts et par vaux pendant 10 jours en juin 2018, en plein pendant le mois le plus pluvieux du pays (cette précision est importante). Mon avion a atterri à Bucarest et je suis partie directement en train pour rejoindre le « triangle de la Transylvanie historique », composée de trois villes phares :
- Brasov, la ville la plus importante de Transylvanie centrale (275 000 habitants). Temps passé dans la ville : 2 jours.
- Sibiu, la ville culturelle du coin (150 000 habitants). Temps passé : 5 jours, dont deux jours lors du Festival Sibfest.
- Sighisoara, une ville historique assez touristique (28 000 habitants). Temps passé : 2 (longs) jours.
Chacune de ces villes et ses alentours sera traitée dans un article dédié. J’ai aussi rédigé un article dédié aux « infos pratiques » sur la Roumanie !
Brasov, point d’entrée de la Transylvanie
Je fais exprès de ne pas mentionner mon passage express à Bucarest, car je n’en ai vu que le trajet de l’aéroport à la gare du Nord (Bucuresti Nord), qui relie la capitale à Brasov. Le seul souvenir que je peux vous raconter consiste en un taxi fou, complètement défoncé, sans ceinture de sécurité, qui m’a fait encore plus peur que les tuk-tuk déjantés de Bangkok.
Avant même d’arriver à Brasov, on sait que l’on arrive dans un endroit bien protégé (je n’ai pas dit « paumé » !) : le train circule dans de profondes vallées enclavées par les montagnes. Les Carpates ne sont pas des montagnes très hautes (leur sommet, situé en Slovaquie, ne fait que la moitié du Mont-Blanc en hauteur) mais elles sont très escarpées, si bien qu’elles restent impressionnantes, d’autant plus que les sommets surplombent de tout-petits villages roumains aux toits colorés. C’est une très jolie balade qui vaut bien les presque 3h de train et coûte seulement 10 € (48 lei). Avant même d’arriver à destination, j’étais dépaysée !
Une architecture ? Non : des architectures !
Après plusieurs heures de voyage, j’arrive enfin dans Brasov, capitale du județ (département) du même nom. Les environs de la gare sont principalement des constructions datant de l’époque communiste : c’est gris et cubique, sans fioritures. On appréciera quand même de voir de tels bâtiments pour bien se rendre compte de l’impact du régime communiste, aboli en 1989, sur l’urbanisme local. Fait étonnant, tous les immeubles (sauf les nouveaux) possèdent de vrais toits pentus !
Il faut se diriger plus au sud, vers le centre-ville historique, pour retrouver une architecture typique du coin, qui peut être décrite en un capharnaüm d’influences. On retrouvera pêle-mêle du médiéval, du baroque, du renaissance, du classique et que sais-je d’autre, ce qui résulte en un mélange surprenant : aucun bâtiment ne ressemble à son voisin.
Vous pouvez passer une journée entière à vous balader dans la ville sans jamais trouver cela redondant ! Attention par contre, car la ville est surplombée par la montagne, et certains quartiers nécessitent de grimper pour y parvenir. C’est d’ailleurs un commentaire que j’ai souvent vu passer sur Booking, car certains touristes ne font pas gaffe et se retrouvent en plein hiver à braver neige et verglas pour rejoindre leur gîte et ça n’a pas l’air commode.
Flâner à Brasov
Je ne pourrai pas vous conseiller d’endroits à visiter en particulier dans la ville, car je n’ai fait que déambuler dans les rues pour bien m’imprégner de ce nouveau pays que je ne connaissais pas. Je peux en revanche vous dire que le centre-ville historique et commerçant est extrêmement agréable : de nombreuses terrasses vous accueillent à bras ouverts et il y a toujours de l’animation.
La nourriture est top et le centre-ville abrite de bons restos. J’ai testé La Ceaun sur la place principale et j’ai franchement regretté de ne pas y être retournée. J’avais pris des saucisses avec la fameuse polenta, très prisée en Roumanie, agrémentée d’une sauce à l’ail fraîchement pressé. Rien que d’y repenser ça me fait saliver ! Sans parler du prix, environ 20 € pour deux. Comme la Transylvanie historique a été soumise à une très forte influence hongroise, j’ai aussi testé le restaurant hongrois Pilvax qui était lui aussi une tuerie. C’est un restaurant qui a l’air assez haut de gamme par rapport au coût de la vie en Roumanie et qui a été ma plus grosse dépense du voyage dans le domaine : 25 € pour deux repas (avec un verre de vin de très bonne qualité :D).
On y trouve aussi les habituels McDo, Starbucks et compagnie, mais Brașov étant une ville cosmopolite et habituée aux touristes, difficile de lui en vouloir.
La visite du château de Bran
L’une des raisons pour lesquelles les touristes s’arrêtent à Brasov, c’est pour voir le soi-disant château où a vécu Dracula qui se situe à Bran. Pour cela, il faut prendre un bus à la gare routière (la Autogara 2, car il y en a plusieurs). Comptez 14 lei l’aller-retour, soit 3 €.
Comment décrire Bran ? Ce village est un parc d’attractions à lui tout seul. Impossible d’éviter la surcouche touristique : vous êtes obligés de parcourir un petit village de cabanons proposant gousses d’ail, planches à saucissons avec des gravures de vampire, masques de Dracula et j’en passe. Il y a même une maison hantée qu’il est possible de visiter (exactement dans le même genre sur sur les fêtes foraines), avec un tarif complètement fou pour ce pays (20 € si je me souviens bien). Il faut dire que la Roumanie est peu connue à l’étranger, elle capitalise donc sur ce qu’elle peut pour faire venir des touristes.
Le château de Bran en lui-même a été, je dois dire, une très belle surprise. On peut passer beaucoup de temps dans cette construction du XIIIè siècle tellement il y a de pièces à voir, et c’est un vrai plaisir d’avoir le droit de déambuler dans autant de parties différentes d’un château aussi vieux. Dracula n’est cité que dans une seule pièce, sur un panneau.
Le reste est vraiment axé sur l’aspect historique du bâtiment, de ses occupants et de son mobilier. Il m’a fait penser à un château de conte de fées avec ses mansardes et ses jolies tours ! Il y a même des armes et armures exposées dans une salle, peut-être appartiennent-elles à un preux chevalier ?
Je n’ai pas vu plus de choses que cela à Bran, c’est en revanche un point idéal pour débuter des randonnées dans le coin car les montagnes sont toutes proches.
Dracula, la plus grosse tromperie touristique de Roumanie
Dracula n’est pas une invention roumaine : il s’agit d’un personnage fictif créé par l’écrivain britannique Bram Stocker. Ce célèbre vampire puiserait cependant ses racines dans le personnage roumain de Vlad Țepeș (l’Empaleur), aussi surnommé Drăculea (fils du dragon), qui a vécu au XVè siècle. Il n’aurait empalé « que » quelques personnes de haut rang, ce qui lui aurait valu une très mauvaise réputation auprès de ses ennemis.
Vlad n’a a priori jamais mis les pieds au château de Bran, mais son architecture romanesque a suffi à opérer un rapprochement entre le bâtiment et le récit de Stocker… Pour le plus grand plaisir de l’économie touristique de la Transylvanie.
Vint la pluie roumaine
J’ai dû écourter mon séjour à Brasov car je me suis faite surprendre par la pluie. Comme je l’ai dit en introduction, juin est un mois pluvieux, et j’ai pensé qu’il s’agissait juste de quelques averses. Mais non : juste avant que j’arrive à Brasov, une averse de grêle avait anéanti les géraniums de mon hôte. Et quand il se met à pleuvoir, c’est comme la mousson : c’est violent et ça tombe d’un coup (en plus de durer indéfiniment). Il était environ midi lors de mon second jour à Brasov lorsque j’ai pris la décision de fuir la ville pour rejoindre plus tôt que prévu ma prochaine destination où la météo semblait être plus clémente.
Malgré la pluie, j’ai trouvé que Brasov était un bon point d’entrée quand on cherche à découvrir la Transylvanie : c’est différent, mais pas trop et on prend doucement le pli de la vie locale avant de s’enfoncer plus loin dans la « campagne » roumaine. J’ai quant à moi décidé de partir pour Sibiu, une petite ville très culturelle à l’ouest de Brasov.