Après avoir pris mes marques en Roumanie avec une halte à Brasov, la pluie diluvienne m’en chassa, me faisant partir plus tôt que prévu vers ma prochaine destination : Sibiu. Sibiu, c’est un de mes rares coups de cœur, tous voyages confondus. J’apprécie toujours les endroits où je vais, mais rares sont ceux qui me font chercher les prix de l’immobilier sur Internet.
Je ne peux que vous recommander de vous rendre dans cette ville qui se situe non loin des monts Făgăraș, prisés pour les randonnées. Depuis Bucarest, c’est bon marché, mais un peu long pour y accéder en train (comptez une bonne journée de voyage en transitant par Brasov), en revanche Sibiu dispose de son propre aéroport international 😉
Sibiu, Hermannstadt, Nagyszeben
Ce drôle de sous-titre n’est autre que les différents noms de Sibiu, en roumain, allemand et hongrois. En effet, située à la confluence de plusieurs influences, cette petite ville de 150 000 habitants a une histoire très liée à l’Allemagne, dont quelques colons (les Saxons) ont fondé la ville au XIIè siècle, avant d’être rattachée à l’empire austro-hongrois au XVIIIè siècle. Ce n’est qu’en 1920 que la ville fut rattachée à la Roumanie. Si je vous explique cela, c’est parce que le côté multiculturel de la ville est toujours d’actualité, c’est pourquoi elle est si intéressante !
Contrairement à beaucoup de grandes villes roumaines, dont Bucarest, son architecture n’a pas souffert de l’urbanisation communiste, ce qui en fait un vrai musée à ciel ouvert.
Une ville pleine de charme
Sibiu est située à 140 km à l’ouest de Brasov. Cette jolie ville à taille humaine regorge de choses à voir, et son ambiance est vraiment agréable. Son centre-ville historique, remarquablement bien conservé (l’un des mieux préservés d’Europe !), est parsemé de petits troquets et restaurants tous plus accueillants les uns que les autres. D’un point de vue culturel, cette ville fait fort, si bien qu’en 2007, Sibiu est élue Capitale européenne de la Culture ! Elle compile en effet de nombreux hauts-faits notables, parmi lesquels :
- l’ouverture la première école en 1380 ;
- l’édition en 1544 du premier livre en roumain ;
- l’ouverture du premier musée roumain (Brukenthal) en 1817 ;
- la naissance du plus ancien journal d’Europe du Sud-est en 1852 ;
- la construction du premier zoo de Roumanie en 1928 ;
- chaque année depuis 1994, la ville héberge le festival international des arts du spectacle (j’en parle plus loin).
Tout ceci fait de Sibiu une ville attachante, au point où j’ai prolongé mon séjour pour y rester 5 jours au lieu de 3 jours. Contrairement à Brasov, il est très facile de circuler partout à pied sans y passer des heures : la gare est très proche du centre-ville et on ne se fatigue pas trop pour rallier un point A à un point B. Question hébergement,je suis allée chez Dorina qui propose une chambre médiévale. C’est grâce à elle que j’ai appris beaucoup de choses sur la Roumanie, je vous recommande de dormir chez elle si vous recherchez le contact local !
La vieille ville propose de nombreux musées à visiter. Attention, le musée d’histoire naturelle est petit !J’ai fait le tour en 30/45 min. Il y a par contre une exposition rigolote de dinosaures dans le jardin qui contraste beaucoup avec les maisons environnantes.
La ville basse vaut également le détour, j’y ai d’ailleurs fait plusieurs balades nocturnes sans aucun problème. Elle abrite un grand marché alimentaire (Piata Cibin) qui est une occasion en or d’acheter des légumes locaux aux générations plus âgées, encore habillées à l’ancienne (avec tablier et foulard sur la tête pour les dames).
Personnellement, j’aime beaucoup Sibiu et rien que d’y repenser, cela me rend nostalgique. En tant que Strasbourgeoise, elle m’a beaucoup rappelé l’Alsace puisque l’on retrouve une architecture que l’on connaît bien, ainsi que des géraniums et statues de cigognes dans les jardins.
Le musée en plein air Astra
Ce musée ethnologique, qui regroupe en fait 4 musées différents, est le plus grand musée en plein air de Roumanie ! Il s’agit d’un véritable témoin du passé roumain puisqu’il abrite, entre autres, près de 300 bâtiments traditionnels rapatriés des diverses régions de la Roumanie.
Pour y accéder, il suffit de prendre le la ligne 13 de bus depuis la gare ou le centre-ville (voir le plan) et de soit descendre à l’arrêt Dumbrava, pour profiter du zoo (pas fou mais ne coûte que 3 lei, soit moins d’un euro) avant de rejoindre à pied le musée en passant par la forêt, soit descendre à l’arrêt Muzeul Satului. L’entrée du musée (voir son site) ne coûte que 17 lei (3,65 €) et occupe largement une journée entière. Me concernant, je m’y suis rendue deux jours de suite, car un gros orage avait éclaté lors de ma première visite et j’ai dû battre en retraite (d’ailleurs, big up au patron du restaurant très bucolique Cârciuma din Bătrâni, où je me suis abritée, pour avoir appelé un taxi !).
S’il y avait une seule chose à ne vraiment pas louper à Sibiu, c’est bien ce musée. Vous avez tout le loisir d’entrer dans les maisons traditionnelles pour en visiter l’intérieur ainsi que voir le mobilier d’époque. Le musée emploie des personnes du coin (des retraités, je pense) qui s’occupent de l’entretien des maisons avec les mêmes moyens qu’à l’époque pour mettre un peu d’animation. On se sent donc un peu gêné, parfois, de rentrer dans une maison où un vieux monsieur est en train d’éplucher des patates sur le perron, surtout que je n’en ai pas croisé un seul qui parlait anglais. Certains prennent cependant leur rôle avec beaucoup de sérieux et n’hésitent pas à vous alpaguer pour vous faire visiter leur petite maison si vous faites mine de passer devant sans vous arrêter !
Les bâtiments sont répartis suivant des thématiques bien spécifiques (les tisseurs, les forgerons…) dans tout le parc, qui est à lui tout seul une belle promenade en pleine campagne. Vous pourrez également y voir des églises, de vieux moulins ainsi qu’une école datant de l’ère du communisme. Les espaces verts sont entretenus avec la bonne vieille méthode de l’éco-pastoralisme : attendez-vous donc, à la belle saison, à croiser un troupeau de moutons qui broutent !
Cisnadie, Cisnadioara et église fortifiée
J’ai fait une excursion en dehors de la ville en prenant les transports en commun pour me rendre à Cisnadie (qui ressemble trait pour trait à un village alsacien / allemand). De là, j’ai continué à pied vers le petit village de Cisnadioara (500 habitants). Le trajet à pied est un peu long en plein soleil, mais une piste piétonne a été spécialement aménagée le long de la route : il y a même des bancs au milieu de la piste pour faire une pause !
J’ai choisi ce village un peu au hasard, car je voulais avant tout m’imprégner de l’ambiance d’un petit village de Roumanie, et c’est par hasard que je suis tombée sur l’église fortifiée, une des premières du pays, qui surplombe le village. Même si la visite est payante, elle vous donne accès à un très beau panorama de la région de Sibiu ! Le village en lui-même vaut le coup de s’y attarder quelques heures.
Le festival international d’arts du spectacle de Sibiu
J’ai eu la chance de pouvoir profiter de la première journée des festivités, et notamment d’un spectacle de feu qui a transformé les parcs de la vieille ville une fois la nuit tombée. Les installations de boules de feu, lampions et autres sculptures étonnantes transformaient la ville en un conte de fées, magnifié par de petits kiosques où des artistes jouaient des mélodies envoûtantes. Preuve des liens forts entre la Roumanie et la France, ce sont la Compagnie Carabosse et le Ministère français de la Culture qui ont organisé cela !
J’ai également pu profiter de la toute première exposition de H.R Giger en Europe de l’Est (l’artiste qui a créé les xénomorphes dans Alien), d’une présentation de réalité virtuelle avec des documentaires Arte, et d’un musée digital et interactif proposé (encore une fois) par le Ministère français de la Culture et La Villette. La diversité de ce festival est tout simplement incroyable ! Sa popularité ne fait que grandir et il faut s’y prendre à l’avance pour se loger quand on séjourne à Sibiu pendant cet événement.
Petite anecdote : malgré mon sac de routarde sur le dos, aucun musée n’a demandé à le fouiller. C’est triste à dire, mais ça fait vraiment plaisir tellement on est habitué à se faire fouiller en permanence en France…
Qu’est-ce que le Sibfest ?
C’est totalement par hasard que je suis arrivée à Sibiu pendant les préparatifs de ce festival, qui est le plus grand d’Europe dans sa catégorie ! Le Festivalul Internațional de Teatru de la Sibiu (appelé aussi Sibfest) rassemble plus de 600 000 personnes sur 10 jours, et a fait participer 73 pays différents en 2018.
Toute la ville est en effervescence et les salles de spectacles accueillent des représentations de théâtre, opéra, danse, cirque, mais aussi des conférences et des projections de films. Les rues sont converties en véritables scènes urbaines l’on peut assister gratuitement à des spectacles.
Sibiu a clairement été le point fort de mon voyage en Roumanie ! Après ces 5 jours sur place, j’ai poursuivi mon voyage vers ma dernière étape : Sighisoara.
Merci pour ce beau récit qui donne envie de visiter Sibiu et ses jolis villages. Je connais un peu la Roumanie, Cluj Napoka, Satu Mare ( mission humanitaire ) Très beau voyage.
Bonjour Annick,
merci pour votre commentaire 🙂 j’ai eu la chance de visiter Cluj (et surtout les mines de sel de Turda dont j’ai fais un article), mais pas Satu Mare. Je compte revenir une troisième fois en Roumanie pour continuer d’explorer, cette fois ci avec un focus sur les Maramures. L’occasion de passer par Satu Mare !