Le mood coloré des films d’animation Ghibli est une grande inspiration pour moi et j’ai pas mal tâtonné pour trouver comment insuffler cette ambiance dans mes photos. Il y a quelque temps, je me suis amusée à proposer sur X-anciennement-Twitter une version « miyazakisée » de certaines photos prises en Alsace. Si j’ai depuis fait une croix sur X, j’ai conservé un tutoriel step-by-step pour créer votre propre preset Lightroom inspiré par les films Ghibli. De quoi redécouvrir vos photos de voyage !

Étape 1 : choisir sa photo de départ

Pour que la transformation soit réussie, je vous conseille de choisir une photo initiale qui est déjà assez contrastée et colorée. J’ai pour ma part choisi de faire ce tutoriel Lightroom sur une photo d’un moulin à vent en bois trouvé sur l’archipel Åland, lors de mon périple à vélo en Finlande.

Photo d'un moulin à vent rouge en Finlande
La photo de départ…
Preset Lightroom Ghibli, par Alexandra Koeniguer
… et la photo d’arrivée

Si vous voulez reproduire les mêmes étapes, téléchargez la version RAW de cette photo (qui n’est pas libre de droits hein 😉) et le avant/après en JPG.

Généralement, les films d’animation Ghibli montrent de beaux ciels bleus avec des cumulus qui se baladent. Ces cumulus sont idéaux pour ce type d’exercice, car ils ont des contours bien délimités, sont esthétiques avec leur forme de chou-fleur et sont bien blancs. Si vous avez un filtre polarisant, attention à ne pas trop assombrir le ciel lors de la prise de vue !

Il vous faut aussi des éléments colorés qui apportent du contraste à la photo. Je trouve que le vert de la végétation printanière est parfait pour ça, combiné à des éléments plus chauds comme le rouge orangé du moulin de ma photo. Ça marche aussi très bien sur les photos bourrées de détails, comme des rues bien décorées.

Étape 2 : la tonalité

Les capteurs d’appareil photo modernes sont d’une précision hallucinante et donnent des photos extrêmement nettes et contrastées, et les différents plans se détachent bien les uns des autres. C’est pas ce qu’on veut ici, car les films d’animation ne peuvent être aussi précis.

  • Exposition : augmentez-la légèrement
  • Contraste : descendez le curseur
  • Hautes-lumières et blancs : on les atténue
  • Ombres et noirs : on les éclaircit

Pourquoi on fait ça : on cherche à atténuer le contraste de la photo. Vous devriez avoir un rendu assez insipide avec une espèce de voile gris. C’est normal.

Étape 3 : la texture

On va maintenant faire en sorte que cette photo ne ressemble plus à une photo, mais à un dessin d’animation (vaguement), en modifiant la texture dans la rubrique « présence ».

  • Texture : on pousse un peu le curseur
  • Clarté : on descend le curseur
  • Correction du voile : on pousse un peu le curseur

Pourquoi on fait ça : on enlève un peu de clarté pour décontraster encore plus, on prépare le terrain pour avoir des traits un peu plus « crayonnés », et on pousse doucement la correction du voile pour enlever ce voile un peu laid.

C’est très subtil, mais déjà mieux.

Étape 4 : les détails

Descendons maintenant jusqu’à l’onglet « détails ». Il n’y a pas beaucoup de bruit sur la photo car il y avait assez de lumière, on va donc pouvoir travailler la netteté (les « traits ») sans dégrader l’harmonie de l’image.

  • Netteté : on rajoute pas mal de netteté avec un rayon moyen et un niveau de détail plutôt faible
  • Réduction du bruit : on rajoute ensuite BEAUCOUP de luminance pour réduire l’aspect granuleux de la photo. Y’a pas beaucoup de bruit à éliminer, par contre ça va nous aider à adoucir encore plus les traits
  • Couleur : on pousse un chouia le curseur pour éliminer le bruit de chrominance qui pourrait subsister ici et là

Pourquoi on fait ça : l’idée est de recréer les contours « crayonnés » des films d’animation sans pour autant rajouter des détails dans l’image.

De loin on a l’impression qu’on a rien fait, mais quand on zoom, on se rend compte que la photo devient une espèce de peinture 😉

Étape 5 : la courbe des tonalités

J’ai juste touché la courbe à points en choisissant de booster un peu plus les blancs, et en cassant les noirs en remontant légèrement la courbe sur la gauche. Je n’ai pas touché aux canaux rouge, vert et bleu.

Pourquoi on fait ça : j’atténue les noirs sur à peu près toutes mes photos car je déteste les zones de noir trop profond. Y’a pas vraiment de raison autre que mes préférences personnelles 😊

Étape 6 : la vibrance et la saturation

Maintenant que notre base est prête, on peut maintenant s’amuser avec les couleurs ! Les films Ghibli ont toujours une colorimétrie irréprochable (de mon point de vue de simple spectatrice), donc on va essayer de trouver le bon équilibre pour atteindre ce but.

  • Vibrance : on pousse franchement le curseur
  • Saturation : j’ai choisi de désaturer un peu pour que les couleurs finales ne soient pas trop flashy

Pourquoi on fait ça : pour donner du peps à l’image, sans pour autant tomber dans les couleurs criardes !

Étape 7 : le bleu

Je fais la plupart du boulot niveau colorimétrie dans la section TSL de Lightroom, au lieu de toucher à la courbe des tonalités. Je ne sais pas si c’est une bonne pratique, mais bon pour moi ça marche 🤔

  • Bleu : modifions-le un peu pour qu’il tire sur le turquoise et renforçons-le en le saturant un peu plus

Pourquoi on fait ça : les ciels de films d’animation Ghibli tirent souvent vers le bleu vert au lieu d’être d’un bleu soutenu. Rien que ce petit détail peut faire beaucoup !

Étape 8 : les couleurs chaudes

Maintenant, passons à l’orange, le rouge et le jaune.

  • Rouge : on pousse la saturation
  • Orange : idem et on pousse aussi la luminance pour faire ressortir le moulin
  • Jaune : on modifie légèrement la teinte pour que les jaunes soient plus chauds et se fondent mieux avec les oranges

Pourquoi on fait ça : pour obtenir un effet Ghibli, c’est mieux de pousser un peu la saturation de ces couleurs. Cela rend également très bien avec le ciel, puisqu’on est sur des couleurs complémentaires.

Étape 9 : le vert

Passons à présent à la végétation. Dans les films Ghibli, le vert est généralement bien flashy. Dans la « vraie vie », le vert tire presque toujours vers le jaune, sauf au printemps quand les feuilles d’arbres sont toutes neuves. Et sous un beau ciel bleu duquel dardent les rayons chauds du soleil, le vert jauni encore plus.

  • Vert : poussez le curseur de la teinte vers la droite, augmentez la saturation, et… diminuez la luminance.

Pourquoi on fait ça : on veut que la végétation soit d’un beau vert profond. Baisser la luminance permet d’assombrir légèrement les éléments de cette couleur. On peut en revanche rajouter du « glow » sur la végétation en mettant un peu de luminance dans les tons orange (ce que j’ai fait) et/ou jaune suivant votre matériel de base.

Étape 10 : la température et la teinte

Attention, petite étape mais qui peut tout bâcler si on a la main lourde !

I choose to push a little the temp to the yellow tones, and to take the tint down to something a little bit greener. No need to have a heavy hand on this step. 12/14

  • Température : j’ai choisi de réchauffer légèrement l’image…
  • Teinte : … et de tirer la teinte générale vers le vert

Pourquoi on fait ça : je n’ai aucune explication, ça dépend vraiment de ce que vous aimez. Me concernant, je suis persuadée que je pourrais me passer de cette étape si je savais mieux m’y prendre pour faire mon color-grading (on va en parler juste après d’ailleurs).

Étape 12 : le color grading

Vous vous souvenez l’étape où je vous parlais de couleurs complémentaires ? Et bien je reprends ce principe avec le color grading pour ajouter une touche subtile à mon image !

  • Tons moyens : on n’y touche pas
  • Ombres : on met un peu de bleu dans les ombres
  • Hautes lumières : on réchauffe un peu en ajoutant du jaune-orange (regardez le nuage !)

Pourquoi on fait ça : colorer les ombres et hautes lumières est une étape importante qui donne beaucoup de caractère à une photo.

Étape 12 : la courbe de tonalité (encore !)

Cette toute dernière étape consiste à ajuster l’exposition de l’image, si toutefois vous vous rendez compte que c’est nécessaire. Rendez-vous de nouveau dans l’onglet de la courbe des tonalités, section « région ».

  • Hautes lumières : diminuez légèrement le curseur
  • Tons clairs et ombres : augmentez légèrement le curseur
  • Tons sombres : on n’y touche pas

Pourquoi on fait ça : je veux faire ressortir un peu plus le côté éclatant de mon image, donc je travaille surtout les tons clairs et les ombres. Pour que ce soit mieux équilibré, j’ai choisi d’enlever un peu de peps aux hautes lumières.

Résultat final de ce preset Lightroom Ghibli

Et voilà le travail !

Il ne vous reste plus qu’à enregistrer le preset Lightroom que vous venez de créer afin de le retrouver dans votre bibliothèque de presets. Voici quelques exemples de photos de voyage qui ont subi les mêmes modifications…

Je tâtonne encore beaucoup sur Lightroom et je pense qu’avec un peu plus de doigté, j’aurais pu arriver au même résultat (et même faire mieux) en moins d’étapes. Si vous avez des suggestions pour créer un preset Lightroom qui donne un meilleur effet Ghibli, n’hésitez pas à partager vos astuces en commentaire afin d’aider toutes les personnes qui essayeront ce tutoriel 😊

Vous avez essayé ce preset ? Postez vos créations et taguez-moi !


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