« C’est sur les rives de la rivière Piedra que j’ai écrit cette histoire. J’avais les mains gelées, mes jambes repliées s’engourdissaient et je devais m’interrompre à tout instant. Il me semble qu’il y a bien longtemps de cela, et pourtant voilà seulement une semaine que j’ai retrouvé mon amour et que je l’ai perdu. » — Paul Coelho

Voilà donc une semaine que j’ai découvert, puis quitté le lac de Bohinj en Slovénie. J’ai rarement ressenti de l’amour pour un lieu, et pourtant mon cœur a (encore) fait des siennes. J’aurais dû être avertie, puisque ce n’est pas la première fois que j’ai un coup de foudre en Slovénie. Que dis-je, pour LA Slovénie. Je commence à croire que je suis monogame de voyage, et il a fallu que je me trouve le carnaval slovène comme excuse pour y re-re-retourner. Voici donc mon histoire d’amour insolite, écrite à 4 mains avec Paul Coelho et son oeuvre Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j’ai pleuré (je suis sûre qu’il ne m’en voudra pas trop pour cet emprunt).

L’une des faces de Dieu est la face du lac de Bohinj

Jezernik, figure mythique de Bohinj
Jezernik est la figure d’un conte de fées local. Cet homme-sirène revenait toujours victorieux de sa pèche au lac de Bohinj. Il fit don d’un piège à poissons à un pêcheur malchanceux, lui permettant ainsi de nourrir le peuple de Bohinj.

« Des jours durant, j’ai tenté d’ignorer la voix de mon cœur, mais elle s’est faite de plus en plus puissante. Dans le recoin le plus caché de mon âme, j’existais encore et je croyais aux rêves. »

Je croyais en l’existence d’un lieu non loin de chez moi, où la Nature m’offrirait son plus beau présent sans rien attendre d’autre en retour qu’un peu de temps de ma part pour le contempler. C’est ainsi qu’après avoir tergiversé pendant plusieurs jours, je me suis décidée à aller au lac de Bohinj, durant mon seul quartier libre en Slovénie. Une intuition, un murmure de Slovènes m’y ont guidée.

« Il faut prendre des risques. Nous ne comprenons vraiment le miracle de la vie que lorsque nous laissons arriver l’inattendu. »

C’est pourquoi j’ai traversé de bout en bout le célèbre lac de Bled, en jetant un œil interrogateur à ses façades bétonnées et ses grands hôtels, pour aller au-delà de cette décadence touristique à bord de mon autocar slovène, sans trop savoir ce que j’allais y trouver.

« L’univers conspire toujours en faveur de ceux qui rêvent. »

Et ce que j’ai découvert à Bohinj est probablement une des plus grandes conspirations que j’ai vécues, du genre qui m’a mis les larmes aux yeux tellement je n’en revenais pas. Je ne comprends pas pourquoi il n’y en a que pour Bled quand le lac de Bohinj accueille à bras ouverts ceux qui feront l’effort de passer 30 min supplémentaires sur la route. Mais je suis heureuse qu’il en soit ainsi. Car cette terre isolée, sereine, sauvage mérite de rester en l’état au lieu de subir la perfidie capitaliste qui s’est abattue sur Bled.

Découverte poétique du lac de Bohinj

Je n’ai pas envie de vous dire comment aller au lac de Bohinj. Ni combien cela coûte. Ni où vous loger aux alentours. Ni même quelles activités y faire. C’est bien la première fois que cela m’arrive, car cela me donnerait l’impression de « salir » cet endroit qui se suffit à lui-même, et qui a de toute façon été couvert par bien d’autres blogs, comme l’excellent Slovénie Secrète.

Aussi, pour la première fois, je vous propose de contempler avec moi le lac de Bohinj. Sans fioritures. Juste le lac, vous et moi.

« Il est inutile de parler d’amour, car l’amour possède sa propre voix, et parle de lui-même. »

Tourisme au lac de Bohinj
Quand le ciel rencontre le lac de Bohinj.

Et le meilleur, c’est que quelle que soit la période de l’année ou de la journée où vous allez au lac de Bohinj, les couleurs sont différentes. Pas une photo ne ressemble à une autre.

« Nous remarquons rarement que nous vivons au milieu de l’extraordinaire ». Le lac de Bohinj, perdu dans la vallée d’un petit pays européen auquel personne ne fait attention, en est la preuve vivante. Une certaine allégresse s’est emparée de moi : oui, il est possible de tomber amoureux, juste à côté de chez soi, pour peu que l’on se rende compte des multiples possibilités qui sont sous notre nez*. Après tout, n’est-ce pas la même chose pour les relations humaines ?

*Remettons les choses en perspective : 1 000 km est une bagatelle comparée aux 40 000 km de circonférence de la Terre !