Un vrai trek en Thaïlande est, en théorie, accessible à tous. En pratique, ceux qui sont incapables de se passer de leur confort, qui ne sont pas un minimum endurant ou qui ont une peur panique des petites bêtes risquent de passer un sale quart d’heure. Si vous n’avez pas encore fui devant ces lignes, tel un Européen face à un stand de durians, alors je vous invite à découvrir dans le détail ce qu’est un éco-trek hors des sentiers battus !
Pourquoi les treks classiques en Thaïlande sont des pièges à touristes
Si vous n’avez jamais fait de trekking en Thaïlande (et notamment du côté de Chiang Mai), voici comment se passe un trek classique :
- une balade à la limite du voyeurisme chez les femmes girafes ;
- une randonnée pépère dans la jungle sans grandes difficultés ;
- une nuit dans un village des montagnes dans une cabane à touristes, où les femmes de la tribu n’hésitent pas à monnayer des massages vite faits mal faits ;
- un stop dans une cascade avec 36 000 touristes ;
- une descente de fleuve en bamboo rafting ;
- suivi d’un safari à dos d’éléphants.
En gros, il s’agit d’une véritable attraction qui compile un max de « sensations fortes » pour vous, touriste non averti, mais aussi pour les autres touristes : ceux que vous ne pensiez pas voir lors d’un trek dans la jungle, mais qui seront quand même là 😂. Toutes les agences de trek de Chiang Mai vous serviront le même baratin : « off the beaten tracks », « no tourists », « small groups ». Mon oeil ! Quand on compile autant d’activités, il est impossible de vraiment s’éloigner des zones habitées. Et question écologie, on repassera !
Je peux vous en parler avec objectivité, car j’ai testé ! Souvenez-vous, en mai 2016, je vous racontais mon séjour à Chiang Mai, dont un trek de 2 jours. Si le trek m’avait globalement bien plu à l’époque, je n’avais même pas mentionné que j’avais été dans un parc d’éléphants à touristes tellement j’avais honte de moi (après avoir appris à quel point ils étaient maltraités quelques jours plus tard)…
Choisir un vrai trek hors des sentiers battus à Chiang Mai
Quelques années plus tard, je suis retournée à Chiang Mai avec cette fois-ci l’intention de faire un VRAI trek sans touristes, avec juste moi, mon petit groupe, et la jungle. Pas de fioritures : que de la marche et de la nature 🌺.
Pour trouver de tels treks à Chiang Mai, il faut taper dans les éco-treks, et pas n’importe lesquels : ceux qui sont vraiment sérieux sont souvent absents de la montagne de prospectus que vous trouverez à la réception de chaque hôtel, et bien plus chers aussi. Pour ma part, j’ai approché Pooh Eco-Trekking que j’avais déjà repéré lors de mon premier voyage, mais qui était (hélas) trop cher pour ma bourse. Le principe est que le tarif diminue en fonction du nombre de personnes dans le groupe, avec un maximum de 8 personnes. Nous avons eu de la chance, car nous avons trouvé un créneau pour partir 3 jours et 2 nuits où déjà 5 personnes étaient inscrites, nous garantissant le plus bas tarif : 120 € par personne (j’avais payé 40 € un trek classique de 2 jours en 2015 😶 !).
Ce qui m’a conforté dans le sérieux de l’agence (outre ses commentaires élogieux sur TripAdvisor), c’est la réunion d’information prévue la veille du départ pour apprendre à se connaître et faire un brief. Notre fantastique guide Tee, un Karen pure souche, a pris le temps de vérifier si nos sacs étaient adaptés, en a prêté à ceux qui n’en avaient pas, et nous a bien expliqué ce qu’on allait faire et pourquoi on avait besoin d’emmener ci ou ça. En ce qui me concerne, j’étais conquise avant même de lever le camp !
Take nothing but pictures,
— Devise de Pooh Eco trekking
Leave nothing but footprints,
Kill nothing but time.
Premier jour de trek en Thaïlande
Je vais faire exprès d’omettre certains épisodes pour vous laisser quelques surprises. Après un petit tour au marché matinal pour nous approvisionner en denrées indispensables pour notre survie (du papier toilette), et plusieurs heures de route, nous sommes arrivés dans un tout petit village pour prendre le lunch. Ensuite, les choses sérieuses ont commencé !
Si le chemin au départ était relativement plat et dégagé, ça n’a clairement pas duré. Le village Karen où nous devions passer la nuit était vraiment haut sur les montagnes, à environ 65 km de la frontière birmane. Nous étions encore frais comme des gardons, du coup ça a été (presque) une promenade de santé, qui nous a quand même tenu 9 km.
Lorsque nous sommes arrivés au village, nous étions cependant bien contents de déposer nos affaires. Nous étions accueillis par la famille de notre guide et avons eu le bonheur de pouvoir nous glisser dans la vie locale sans nous sentir intrusifs, et même d’assister à une petite fête à l’école du village. Il s’agit d’une communauté de 80 familles. Personne ne parlant bien anglais, il a été TRÈS compliqué de se faire comprendre. Pourtant, tout le monde essayait de communiquer avec nous !
La nuit tombant très tôt en Thaïlande, nous nous sommes couchés épuisés à… 20h. Parce que oui, il y a de l’électricité fournie par des panneaux photovoltaïques, mais elle ne tient qu’une petite heure avant d’arriver à court de jus.
Second jour de trek en Thaïlande
La nuit a été difficile. Très difficile. La faute à un trekkeur qui ronflait tellement fort que le son des insectes et les boules quies ne suffisaient pas à le couvrir ! Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit et ai décidé d’abandonner ma quête du sommeil vers 5h, histoire de voir le lever de soleil (Daniel si tu me lis, sache que je ne t’en veux pas, même si j’ai cru ne jamais survivre à cette 2ème journée 😂 !).
Après avoir pris un solide petit-déjeuner et fait un dernier tour du village, nous voici repartis sur les sentiers de la jungle. L’effort physique a véritablement commencé là : ça montait, ça descendait, ça montait très fort, ça redescendait encore pire… Je pense qu’on s’est tous vautrés au moins une fois. Comme j’étais claquée, notre guide Tee a eu la prévenance de me donner du sucre de canne pour avoir de l’énergie à brûler.
Aux alentours de midi, nous avons pris un charmant repas préparé par nos accompagnateurs : des nouilles dans une feuille de bananier, avec des baguettes de bambou taillées sur le chemin. Après quoi, nous avons remonté une rivière avant d’arriver à notre second camp (c’est là où je me suis aperçue que j’avais mal compris le brief : je pensais qu’on allait traverser une rivière, et non la remonter pendant des heures).
Si la première nuit était déjà spartiate, nous avions au moins le luxe d’avoir un tout petit matelas et un oreiller. Ici, point de literie : nous avons découvert une cabane en bambou toute mignonne où il n’y avait globalement que le sol, les murs et le toit. Je veux dire par là qu’il y avait tout à faire, et que nous avons appris la puissance du bambou : tasse, cuillère, assiette, casserole… TOUT a été construit sur place pendant cette soirée. Nous avons même pu assister au dépiautage en règle du poulet, et en prime nous payer le luxe de prendre une douche dans la rivière qui borde la cabane !
Troisième jour de trek en Thaïlande
Malgré quelques réveils intempestifs dus au froid (même si j’avais mis tous les vêtements que je pouvais sur moi, y compris une polaire The North Face), j’ai relativement bien dormi cette nuit-là et me suis levée (presque) comme une fleur de mon sol en bambou, sans courbatures. Déjà parce que le bruit blanc de la rivière toute proche nous berçait, ensuite parce que nous étions épuisés après 10 km de route sur un fort dénivelé !
Nous sommes repartis en remontant encore la rivière, ce qui a achevé de nous réveiller. Au bout de plusieurs heures, nous avons traversé une grotte, traversée elle-même par la rivière avec aucune berge où s’abriter, avec pour seules lumières les torches (en bambou !) fabriquées au préalable.
Une fois ressortis de l’autre côté, nous avons fait une dernière grosse grimpée avant de rejoindre le village où nous allions manger notre lunch avant de repartir en van vers Chiang Mai.
Pourquoi j’ai apprécié ce trek hors des sentiers battus en Thaïlande
- L’absence de fioritures
Le confort était pratiquement inexistant et ça ne m’a pas gênée, au contraire. C’était vraiment chouette de faire avec le strict minimum et d’avoir la tête libre pour regarder, ressentir, échanger. Même les expéditions toilettes, en pleine nuit, avaient leur charme (nous avions peur de tomber sur des bestioles depuis que notre guide a dit avoir trouvé une fois un serpent dans les toilettes/douches).
- La découverte d’un village Karen sans touristes
J’ai découvert un vrai village local où il y a eu des échanges qualitatifs dans les deux sens, malgré la barrière de la langue. Je regrette de ne pas avoir emmené quelques stylos/cahiers, etc. pour donner aux enfants.
- Au plus proche du savoir-faire local
J’ai observé comment les tribus locales construisaient leurs bâtiments et outils, et comment ils géraient les repas. Par exemple, la moindre plante peut avoir son utilité, et ce que nous aurions pris pour une racine quelconque permettait en fait de faire des infusions anti-courbatures !
- Un endroit top pour trekker !
J’ai adoré slalomer entre les rochers quand nous étions dans la rivière et les descentes casse-gueules : clairement, marcher tout droit sans devoir regarder où je mets les pieds m’ennuie, et j’ai été très agréablement surprise par cette partie !
- Une déconnexion totale
J’ai eu la sensation d’être perdue dans la jungle, avec pour seule occupation la contemplation et le copinage avec mes (chouettes) copains de trek. Être dans l’instant présent, tout simplement…
- Enfin, notre guide Tee !
Un véritable Karen qui a su nous expliquer beaucoup de choses pour comprendre la situation de ces ethnies, qui nous a chouchoutés sans nous materner, et qui a une conscience écologique très profonde. Il n’hésitait pas à nous parler de sa famille, ses croyances… Bref : un sacré personnage dont je garderai un vif souvenir !
À savoir avant de partir en trek en Thaïlande
Pour finir, je voulais revenir sur deux petits points : la rage et les animaux (même si les deux sont liés pour certains aspects).
Point sur les animaux rencontrés
Concernant les bébêtes, vous vous doutez bien que vous allez en croiser dans la jungle. Cependant, vous serez peut-être surpris d’apprendre qu’il y a bien moins de moustiques en montagne qu’en ville. Sur 3 jours de trek, nous en avons vu et entendu… 0. En revanche, il y a beaucoup d’araignées. Certaines venimeuses, d’autres non… Concernant les serpents, nous avons croisé une grosse mue en plein milieu du chemin, mais rien d’autre. Il y a aussi quantité d’oiseaux, dont un qu’un de nos accompagnateurs a dégommé au lance-pierre avant de le faire cuire (NB : ce n’était pas bon). En revanche, si vous allez dans un village, vous verrez inévitablement des chiens. Ce qui m’amène au second point.
Point sur la rage en Thaïlande
Comme vous le savez peut-être, la rage existe toujours en Thaïlande et il faut se méfier de la moindre morsure ou léchouille sur une plaie, même dans une région a priori épargnée. Un chiot tout mignon est venu nous saluer et a léché la jambe d’une personne du groupe sur des égratignures, ce qui lui a valu des injections antirabiques en rentrant (dans les faits, il y avait très peu de risques). Personnellement, je n’avais pas eu d’injections préventives avant de partir, mais je vais le faire lors de mon prochain voyage : la rage est mortelle à 100 % dès que les 1ers symptômes sont déclarés. On ne joue pas avec ce risque.
J’espère que cet article vous aura convaincus de laisser tomber les treks pour touristes en Thaïlande qui vous promettent monts et merveilles. Vous avez amplement de quoi épater la galerie en optant pour un trek hors des sentiers battus respectueux des ethnies locales, de la faune et de la flore. Si vous voulez voir des éléphants, réservez plutôt une demi-journée pour aller dans un sanctuaire où ils sont bien traités ! Thailandee propose une liste sans cesse actualisée de sanctuaires en lesquels vous pouvez avoir confiance.
Merci pour le retour d’expérience ! Ça valait le coup d’attendre 🙂 Du coup la surprise c’était quoi ? Comment va ton chéri ? Il s’est pas métamorphosé en loup-garou à votre retour ?
Hello Cynthia !
Et bien il y a plein de surprises ici et là, d’où le fait que je n’en ai pas parlé. Que ce soit en termes de nourriture, de coutumes locales, de paysages… la liste est un peu vaste. Je peux dire qu’une partie du trajet de retour a été absolument épique car elle a mise à mal la notion d’ultra-sécurité sur la route que nous avons ici en Occident. J’étais debout dans un pick-up pour rejoindre le village pour le lunch et je ne pensais pas qu’il allait nous amener sur une route principale à 90 km/h. Avec moi qui me tenait vaille que vaille ^^’
Mon copain va bien, il est bien plus serein après les injections 🙂
Bonjour,
bien heureuse de lire votre expérience car c’est exactement ce que je recherche. Merci pour le nom de la compagnie aussi. Sont-ils difficile a trouver dans Chiang Mai car il semble en avoir des tas d’autres et je voudrais exactement cet agence et ne pas me faire rouler par un autre agence.
Bonjour Kristina,
merci pour ce gentil commentaire 🙂 Non ils ne sont pas difficiles à trouver, leur boutique donne pignon sur rue, sur Ratchapakhinar road.
Bon trekking ! 😉