Un parterre immense de petits dômes tous plus réguliers les uns que les autres, une saison sèche qui grille la végétation qui pousse dessus, et aucune intervention humaine dans le processus… De quoi attiser l’imaginaire des gens de l’île de Bohol qui les ont appelées Chocolate Hills ! A vrai dire, même les scientifiques ne sont pas parvenus à un consensus pour expliquer la manière dont ces collines dignes de l’usine de Willy Wonka se sont formées.
La taupinière qui n’en était pas une
Le centre de l’île de Bohol, aux Philippines, abrite 1 268 collines calcaires d’environ 30 à 50 m, apparentées au terme scientifique karst. Elles sont réparties sur environ 50 km² sur lesquelles rien ne pousse, hormis de l’herbe et quelques buissons. Ce n’est pas le seul endroit au monde où l’on peut trouver ce genre de « curiosité », mais celles-ci sont étonnamment régulières et symétriques et semblent surgir de nulle part au beau milieu des terres agricoles. Le site est depuis 2006 en attente d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ce paysage, qui n’a à première vue rien de très naturel, a inspiré plusieurs légendes locales.
- L’une d’elle raconte que les collines sont les restes d’une grosse bagarre entre deux géants, qui se tapèrent dessus à coups de blocs de sable et de rochers. Après avoir fait la paix, ils auraient laissé tout en plan avant de quitter l’île bras-dessus bras-dessous.
- Une autre explique que les dômes seraient nés des larmes du géant Arogo, victime d’un chagrin d’amour après la mort de l’humaine Aloya dont il était follement épris.
- Il existe aussi deux autres légendes qui disent que les collines sont des tas d’excréments : soit provenant d’un buffle d’eau géant, empoisonné par des villageois après avoir pillé leurs réserves, soit d’un géant (encore !) éconduit par une femme qui voulait qu’il perdre du poids. Il aurait pris un laxatif et bam, ça a fait des chocapics.
Plus sérieusement, d’un point de vue scientifique, on estime que ces collines ont une origine sous-marine de plus de 2 millions d’années, due à l’accumulation de débris de coraux et de coquillages. La mer s’est retirée peu à peu à cause de la tectonique des plaques, laissant le champ libre au vent et à la pluie pour éroder les Chocolate Hills et leur donner leur forme actuelle. Cependant, aucun scientifique n’a pu expliquer pourquoi ces collines ont une forme aussi « parfaite » !
Le meilleur moment pour visiter les Chocolate Hills
Malgré leur nom, les Chocolate Hills n’ont pas tout le temps leur fascinante couleur chocolat. En revanche, leur forme rigolote rappelle les friandises Chocolate Kisses. Pour voir un beau nappage chocolat sur les collines, il faut déjà en théorie s’y rendre pendant la saison sèche (de décembre à mai), et en pratique à un moment où la pluie a été particulièrement absente. On peut quand même les visiter toute l’année, et puis c’est très joli aussi quand c’est tout vert. On dirait un village de hobbits géants !
Pour profiter d’une belle lumière en rase-motte, le lever et le coucher du soleil sont les meilleurs moments de la journée. L’accès à la plateforme permettant de voir les collines coûte 50 peso philippins (environ 1 €).
Un peu de logistique…
Comment aller aux Chocolate Hills ?
Pour aller sur l’île, vous aurez le choix entre l’avion ou le bateau. Un aéroport se trouve à Tagbilaran (la plus grande ville de Bohol) et permet de faire la connexion depuis Manille, la capitale des Philippines. On peut aussi trouver des bateaux entre Cebu et Tagbilaran. Comptez deux heures environ pour faire la traversée.
Une fois sur l’île de Bohol, il existe de nombreux tours organisés pour vous rendre aux Chocolate Hills, mais aussi des chauffeurs de moto-taxi qui n’attendent que vous. Si vous souhaitez y aller par vos propres moyens, vous pouvez choisir l’option bus depuis le terminal Dao et aller en direction de la ville Carmen, ou louez un scooter. C’est encore la meilleure solution pour vraiment profiter des paysages ! Petite astuce : si vous voulez éviter le flot de touristes, il existerait un deuxième spot moins connu pour admirer les collines qui s’appelle Sagbayan Peak.
Où dormir à Bohol ?
Il faut plutôt se rabattre sur les côtes de l’île, notamment dans le coin de Panglao, pour trouver un hébergement facilement. La petite ville de Carmen, qui jouxte les collines, héberge aussi quelques Bed & Breakfast.
A voir également aux alentours des Chocolate Hills
S’essayer à la plongée à Bohol
Pour peu que vous n’ayez pas peur de vous retrouver nez à nez avec un requin-marteau, le coin est très propice à la plongée sous-marine et au snorkeling. C’est un des meilleurs endroits aux Philippines pour découvrir les merveilles du monde sous-marin ! Plusieurs agences de plongée vous attendent à bras ouvert.
Découvrir la maison ancestrale de la famille Clarin
Située à Loay, cette merveilleuse maison traditionnelle en bois est un des derniers vestiges de l’époque coloniale espagnole. Elle a été construite en 1840 pour Don Aniceto Velez Clarin, ancien gouverneur de Bohol. Aujourd’hui, la maison familiale a été transformée en musée et est inscrite sur la liste de la Commission historique nationale des Philippines, en charge de la préservation du patrimoine national.
Se rafraîchir un peu
L’île de Bohol compte une multitude de sources d’eau et de cascades à visiter. Plusieurs grottes jalonnent l’île, certaines permettant la baignade dans un bassin caché. Etant donné que les températures peuvent vite devenir étouffantes, un arrêt à l’une de ces attractions naturelles est généralement bien accueilli !
Découvrir les tarsiers
L’île de Bohol est un des refuges naturels du tarsier des Philippines, le plus petit primate du monde ! Vous avez peut-être déjà aperçu des photos de ces bestioles très bizarres, qui ont des yeux énormes et flippants ? Comme dans cette vidéo. Il est possible d’en voir en vrai dans un sanctuaire à Corella où ils peuvent se balader librement. C’est une espèce protégée, car menacée d’extinction à cause de la destruction des forêts, qui est son habitat naturel. En plus, les tarsiers ne sont pas des animaux qui peuvent vivre en captivité et ils réagissent très mal aux stress. Ils sont même connus pour leurs tendances suicidaires… Ne les titillez pas si vous en apercevez !
Bien sûr, l’île a plein d’autres opportunités à offrir, mais il est quand même mieux de se laisser quelques surprises quand on voyage, pas vrai ? 😉
Pour aller plus loin
Bohol Tourism : Le site de l’office du tourisme de l’île. (EN)
Bohol Philipbines : Un résumé de tout ce qu’il est possible de faire sur Bohol. (EN)
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