C’était une petite fille qui se balançait.
C’était une petite fille qui se balançait.
Elle appréciait cette quiétude, les mouvements du vent entre ses petites jambes. Sa robe qui claquait à chaque mouvement de balançoire. Et plus elle se balançait, plus elle attirait l’attention. Si bien qu’un nuage vient se poser sur sa tête. Puis une étoile, puis deux, puis trois, la rejoignirent, pour se balancer avec elle.
« Plus vite, plus vite ! » demandèrent-ils à la petite fille.
« Plus haut, plus haut ! » dirent-ils tous en chœur.
Puis vint la lune.
J’étais tellement enchantée par cette image qui se formait dans ma tête en imaginant ce que cela donnerait de me balancer avec la lune ? Cet astre si important pour moi que c’était le tout premier mot que j’ai prononcé. « Lune ».
Mon esprit était tiraillé entre la difficulté de ce moment, et l’envie de continuer à me balancer avec la lune. Le doigt mouillé (pour faire comme les grands), la bouche entrouverte, qui murmurait quelques phrases ici et là. Comme pour me donner une base solide sur laquelle m’appuyer pour ne pas buter sur les mots et continuer ma rêverie.
Et puis, je ne devais pas tarder, car bientôt il allait falloir retourner à l’école. Il était probablement 13h, et une petite fille de 6 ans doit continuer à apprendre.
Lorsque la petite fille eu attiré à elle toutes les étoiles de son univers, elle cessa de se balancer pour plonger dans le sommeil. Le marchand de sable était passé.
Alors je tournais cette dernière page, avec fierté, sans me rendre compte que cette rêverie entreprise « sur le pouce », entre midi et deux, allait forger mon existence, et que 25 ans après, je m’en souviendrai encore.
Je venais de finir mon tout premier livre toute seule*.
De nombreux autres ont suivi, mais celui-ci resta à jamais gravé dans ma mémoire.
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*Le livre en question s’appelle « Une petite fille sur une balançoire », de Fran Manushkin.
C’est trop mignon