Que serait un explorateur des temps modernes sans Google Maps ? C’est un outil que vous utilisez sûrement au quotidien. Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est qu’il permet de visiter… d’autres planètes ! Si vous faites un tour dessus, vous vous direz sûrement « c’est bizarre, ces noms de cratères me disent quelque chose 🤔 ». Et bien c’est normal, car la nomenclature planétaire s’inspire très librement de pleins d’éléments culturels… de Star Wars aux sagas nordiques, en passant par la légende du Roi Arthur, découvrez un condensé de ces noms. Enfin une bonne raison d’avoir la tête dans la Lune !

Depuis sa mise à jour du 16 octobre 2017, Google a rendu accessible la visite de pas moins de 15 corps célestes (EDIT : 19 en 2020 !), plus la station spatiale internationale. Cette prouesse, rendue possible grâce aux données de la NASA, permet d’explorer plusieurs planètes et satellites et d’en apprécier toute la beauté (bon, faut pas trop zoomer non plus, mais ça reste canon !). Ça vous intéresse ? Il vous suffit d’utiliser le service Google Maps « Space » !

En constatant qu’il y avait a priori une certaine logique dans les noms choisis pour chaque corps céleste, j’ai voulu en savoir plus sur le sujet. C’est ainsi que j’ai découvert le principe de nomenclature planétaire, qui devrait ravir les fans de cartographie.

La nomenclature planétaire, comment ça marche ?

Il s’agit d’un système d’assignation de noms, chapeauté depuis 1919 par l’Union astronomique internationale, qui désigne des formations topographiques sur un corps céleste. La nomenclature planétaire implique que, pour chaque planète et satellite, un ou plusieurs thèmes sont choisis et tous les noms des cratères, fosses, plaines etc. suivent ce principe. Et comme ils sont plutôt rigolos, voici un petit résumé pour chacun des corps célestes présent dans Google Maps Space !

Mercure : l’art sous toutes ses formes

Ici, on retrouvera majoritairement des noms artistes décédés reconnus internationalement :

  • Pas mal de peintres, tels que le japonais Hokusai, Matisse, Delacroix ou encore Rembrandt…
  • … Mais aussi des musiciens comme Vivaldi, Schubert et Beethoven.
    Et enfin, des écrivains comme Proust, Rabelais ou Dostoevskij.

Bref, comme vous pouvez le constater, il n’y a pas de rapport avec la figure mythologique du même nom, dieu romain du commerce. Mais quand on étudie les astres, on peut s’accorder un certain grain de folie 😎

Vénus : honneur aux femmes !

Sans grande surprise, les diverses formations de cette planète doivent toutes leur nom à un personnage féminin, surtout des personnages mythologiques :

  • On retrouve plusieurs déesses que l’on connaît bien dans notre folklore, comme Aphrodite ou Artemis.
  • D’autres un peu moins célèbres comme les déesses de la guerre Morrigan (celte) ou Ishtar (mésopotamienne).
  • Et pas mal d’autres personnages comme Yuki-Onne (esprit japonais de la mort), qui permettent d’enrichir nos connaissances en mythologie du monde entier.

La Lune : un joli mix des sciences

Sur notre petit satellite, la thématique des sciences se scinde en 3 catégories majeures :

  • Les scientifiques et explorateurs célèbres : Pasteur, Archimède, Einstein, Montgolfier…
  • La géomorphologie, où nos montagnes ont prêté leurs noms aux “monts” lunaires : Caucase, Alpes, Pyrenaeus… Il y a même un Montes Jura (mais pas de Montes Vosges, nul).
  • Pour finir, la climatologie. On retrouve par exemple Mare Nubium (mer des nuages) ou encore Mare Undarum (mer des ondes).

Mars : hommage aux amis de la planète rouge

Les astronomes Giovanni Schiaparelli et Eugène Antoniadi ayant déjà réalisé des cartes de Mars (fin XIXè / début XXè siècle), plusieurs termes latins et grecs en sont repris. Néanmoins, on peut noter l’apparition de quelques figures notables, écrivains ou scientifiques, qui ont contribué à la popularité de cette planète, parmi lesquels :

  • H.G. Wells, auteur de La Guerre des Mondes.
  • Kepler, qui a calculé l’orbite de Mars.
  • Herschel, qui a découvert la présence des calottes glaciaires de Mars.

Cérès : une ode à l’agriculture

Cette planète naine tenant son nom de la déesse romaine de l’agriculture, il était du coup logique de rester dans la même veine. Ainsi, on y retrouvera trois types principaux de noms :

  • Ceux qui proviennent de figures mythologiques liées à l’agriculture et à la végétation, comme Vinotonus (dieu celte du vin).
  • Ceux qui désignent des termes spécifiques liés à l’agriculture, comme Sekhet (terme égyptien désignant la zone entre un marécage et une terre cultivée).
  • Et ceux qui représentent des événements terrestres autour de l’agriculture, parmi eux : Hanami (du festival japonais où l’on contemple les fleurs de cerisiers), ou encore Samhain (la version originale gaélique d’Halloween, qui célèbre la fin des récoltes et l’arrivée de l’hiver).

Io : attention, c’est chaud !

Avant d’être une lune de Jupiter, Io était la maîtresse de Zeus (alias Jupiter chez les Romains). Était-elle chaude comme la braise ? En tout cas, ce satellite bénéficie d’une tripotée de noms liés aux figures mythologiques du feu, comme :

  • Amaterasu (déesse japonaise du soleil)
  • Svarog (dieu slave du soleil)
  • Thor (dieu nordique du tonnerre)

Qui plus est, on y retrouve une seconde thématique liée à l’Enfer de Dante, dans son oeuvre La Divine Comédie, comme Mongibello Mons (le volcan où se situe la forge de Vulcain). Avec la nomenclature planétaire, vous avez de quoi vous remettre à niveau en littérature 😂

Europe : la touche celtique

Europe, encore une conquête de Zeus ! Mais cette fois-ci, rien à voir question thématique pour ce satellite de Jupiter. On est sur un registre purement celte, avec pêle-mêle :

  • Des endroits qui existent comme le Connemara, en Irlande, ou Drumskinny, un cercle de pierres en Irlande du Nord.
  • Des endroits qui n’existent pas (ou en tout cas que l’on a pas encore trouvés), comme Annwn, l’équivalent celte du Paradis.
  • Et des figures mythiques comme Brigid, la déesse-mère celte.

Ganymède : le berceau de l’agriculture

Initialement une énième conquête de Zeus (mais combien en a-t-il eu ??), Ganymède tournoie gaiement autour de Jupiter et fait la part belle au croissant fertile, berceau de l’agriculture pour l’Humanité. Avec en guests stars :

  • Des anciennes cités mythiques (Babylone, Nineveh).
  • Et des divinités du coin, comme Tiamat (divinité mésopotamienne des océans) ou Lakhmu (divinité akkadienne, un des premiers dieux, enfanté par Tiamat).

Callisto : dédicace aux fans de culture scandinave

Rajoutée ultérieurement dans Google Maps Space, la seconde plus grande lune de Jupiter Callisto ravira tous les amateurs de sagas nordiques. Pourtant, Callisto n’a a priori rien à voir avec le sujet, puisqu’il s’agissait d’une nymphe qui faisait partie de la suite d’Artémis (et qui a été elle aussi séduite par Zeus, ça commence à devenir vraiment redondant…). Mais revenons aux vikings !

  • On y retrouve des personnages mythiques des sagas scandinaves (Ivarr, Mimir…).
  • Et des lieux tout aussi mythiques (Valhalla, Asgard…).

Mimas : longue vie au Roi Arthur

A priori, pas de sacré Graal sur Mimas, lune de Saturne. Pourtant, on y retrouve uniquement des noms qui proviennent de la légende du Roi Arthur !

  • Certains lieux comme Avalon et Camelot.
  • Des chevaliers de la Table ronde comme Perceval, Galahad, Bors…
  • Des personnages mythiques qui gravitent autour d’Arthur : Merlin l’enchanteur, son papa Uther, la fée Morgane…
  • Et même Tristan et Iseult, deux cratères l’un à côté de l’autre ! How cute 🙂

Encelade : un petit tour en tapis volant

Cette autre lune de Saturne n’est pas en reste côté littérature, puisqu’elle fait la part belle aux célèbres contes des Mille et une Nuits. Avec notamment :

  • Des noms de personnages célèbres, que tout le monde connait : Aladdin, Ali Baba, ou encore Sindbad le marin…
  • … Mais aussi des noms de majestueuses cités, dont Samarkand (une des plus anciennes villes d’Asie centrale, située en Ouzbékistan) mais aussi Damascus, l’actuelle Damas, capitale de Syrie.

Téthys : plongée dans l’Odyssée

Pour cette lune de Saturne c’est très simple : on ne trouvera que des noms de personnages et lieux de l’Odyssée d’Homère ! Ce poème est considéré comme un des textes fondateurs de la civilisation européenne. Notons par exemple :

  • Le cratère Achilles, en hommage au fils de Pélée et Thétis et figure iconique de la guerre de Troie.
  • Le mont Scheria Montes, une île appartenant aux Phéniciens qu’Ulysse visita lors de son retour.

Dioné : une épopée signée Virgile

Encore une lune de Saturne, sont les curiosités topographiques sont cette fois-ci tirées de l’Enéide de Virgile, ce récit qui raconte l’histoire d’Enée, héros de la guerre de Troie. Comme pour Mimas et Encelade, on y retrouve principalement :

  • Des personnages tels que Rémus et Romulus, descendants d’Enée dont les cratères sont l’un à côté de l’autre, mais aussi des figures telles qu’Haemon, fils du roi de Thèbes et de la dryade Eurydice.
  • Certains lieux qui sont le théâtre des aventures d’Enée : Carthage (puissante cité aujourd’hui située en Tunisie), ou encore Tibur, l’actuelle Tivoli près de Rome.

Rhéa : la Création, rien que ça !

Pour cette Titan, fille grecque du dieu du ciel et de la déesse de la Terre, on met la barre haute, avec la mise en place d’un club très sélect’ de personnages et lieux mythiques de la création de la Terre. En voici quelques-uns :

  • Wakonda, une figure essentielle des Sioux, créatrice de toute choses.
  • Gucumatz, le dieu créateur Maya.
  • Kunlun, du nom d’une montagne sacrée en mythologie chinoise où résident les immortels.

Titan : le melting-pot rebelle de la nomenclature planétaire

Ce nouveau satellite de Saturne a été nommé de telle manière à faire un doigt d’honneur à la nomenclature planétaire. C’est-à-dire que les noms des aspérités de Titan suivent au moins 16 thématiques différentes, au lieu d’habituellement 3 ou 4. Par exemple :

  • Si vous avez lu l’oeuvre Dune, de Frank Herbert, vous serez ravi.e d’apprendre que certaines planètes du livre ont prêté leur nom aux aspérités de Titan : Arrakis, Poritrin, Lankiveil, ou encore Gansireed.
  • Des noms de personnages du Seigneur des Anneaux comme Gandalf, Arwen ou Bilbo.
  • C’est aussi un endroit où on retrouve pas mal de choses liées à l’eau, dont des créatures mythiques telles que le Kraken.
  • On peut aussi y découvrir des noms de figures mythologiques liées au bonheur, comme le personnage Polaznik (slave) ou Menrva (déesse étrusque).

Japet : la favorite des troubadours

On clôt le chapitre “lunes de Saturne” avec Japet, qui reprend les protagonistes et lieux de la fameuse Chanson de Roland, ce poème épique composé au XIè siècle et transmis verbalement par les artistes de l’époque. Avec, pour ne citer qu’eux :

  • Charlemagne, qui donna l’épée Durendal à Roland.
  • Ganelon, beau-père de Roland.
  • Roncevaux, le lieu où trépassa Roland.

Charon : il manquait la science-fiction !

Il s’agit du plus grand satellite de Pluton. Il porte le nom du passeur des Enfers dans la mythologie grecque : pas très rassurant, mais ça matche bien avec Pluton. Découvert assez tardivement, en 1978, Charon était un bon candidat pour porter l’étendard de la science-fiction qui était de plus en plus prisée à cette époque (le premier Star Wars est sorti un an avant sa découverte 😉). Pour nommer ses aspérités, les scientifiques ont défini trois grandes thématiques :

  • Des destinations et grandes étapes de l’exploration de fiction (plaine Vulcain, Macula Mordor).
  • Des vaisseaux de fiction et de la mythologie dédiés à l’exploration (Nostromo Chasma, Tardis Chasma).
  • Des voyageurs et explorateurs de fiction (cratère Skywalker, mont Kubrick).

Pluton : last but not least…

Si je devais décerner une médaille à une thématique de nomenclature planétaire, ce serait pour la planète naine Pluton. On y retrouve tout simplement les noms, toutes mythologies confondues, qui désignent l’Outre-Monde… avec une pincée de Tolkien dedans !

  • Quidlivun, que les Inuits désignent comme étant l’endroit sur la Lune où vont les trépassés.
  • Pandemonium, la capitale de l’Enfer.
  • Cthulhu, la créature monstrueuse de Lovecraft.
  • Et côté Seigneur des Anneaux, on y retrouve Morgoth et Balrog. Classe, pas vrai ?

Vous êtes arrivé.e jusqu’ici ? Félicitations, votre courage est récompensé par la possibilité d’élire la nomenclature planétaire de votre corps céleste préféré en commentaire ! Et si vous souhaitez découvrir encore plus de choses sur le sujet, rendez-vous sur le site extrêmement complet de We Name The Stars. La nomenclature planétaire n’a maintenant plus de secret pour vous ! 🌟

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Cet article a été publié initialement le 23 octobre 2017. Il a été actualisé en profondeur le 4 septembre 2020.

© Crédit photo : Traphitho / Pixabay